Abstract : des cocktails étoilés, des assiettes de champion

Ou l'inverse. Dans un ex-vieux rade des pentes. 


On avait annoncé la semaine dernière que ce serait l'ouverture de la rentrée. Voilà c'est fait. Un ancien bar-tabac décati, des investissements londono-parisiens, un distillateur des Pentes et un agitateur de verres vu sur Instagram. Ça promettait ! (d'être prétentieux ?). On est donc dans un cadre hopperien : vous voyez, des oiseaux de nuits accoudés dans un bar tout vitré, posé à l'angle d'un quartier désert (si on n'vait pas compris : une reproduction vient dans un coin rappeler la référence). Ce n'est pas très « abstrait » tout ça. Ce qui est abstrait c'est ce qu'il y a dans les verres. Comprendre : on revient aux fondamentaux, les formes et les couleurs pour elles-mêmes. Dans le cocktail (contre à la fois une tendance à l'hyper-technicité ou à l'inverse au tout naturel) ça voudra dire peu d'ingrédients, peu de saveurs différentes, on va droit au but. Et pour cela on produit ses propres pots de peinture (on snobe Pernod Ricard) : ils sont fait derrière, avec des évaporateurs rotatifs, qui, en gros, concentrent un ingrédient (framboise, citron, beurre ou bergamote), un seul, avec de l'alcool.

À partir de ces couleurs, on fait des tableaux disons simples (mais pas faciles) : un peu de bergamote, un peu de gingembre, de l'eau gazeuse et voici un Moscow mule revisité, ou plutôt recréé à partir de tout autre chose. Ça paraît puriste mais c'est au contraire très accessible. Pour accompagner ces breuvages, on a une jolie carte de grignotage. De notre côté, on a esquivé le lobster roll ou le croque de la mer (beurre d'algue, anguille fumée) pour tenter des ramen de morue. La morue est faite sur place (ils font leur salaisons) puis cuite sous vide à basse température. Elle a une texture magnifique (le poisson tout juste cuit) et elle nage, avec des haricots de mer, dans un bouillon glacé mais bien présent, épais mais pas encore gélatineux, fait à partir des parures du poisson. Un seul dessert : un mille-feuille de pommes, confit deux heures et arrosé d'un jus de pelures, ça évoque la tarte tatin sans pâte (avec sa grosse cuillère de crème crue, miam), délicieux mais on ne sait toujours pas pourquoi il n'y a pas de pâte. Les tarifs sont accessibles côté boisson (cocktails de 9 à 13€). Un peu moins côté grignotage (10-19€). Malgré cela et le pedigree des gens derrière (un champion du monde de cocktail et un chef télévisé) l'ambiance est détendue. 

 

Abstract
2 rue Duroc, Lyon 1er
Ouvert du mercredi au dimanche, le soir. 


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