7 concerts pour le mois d'octobre

Avec le mois d'octobre, on entre dans le dur (mais un dur doux) de la saison. Voici 7 des concerts à voir à Lyon. 


Jay Jay Johanson

En 1996, quand il est apparu avec son Whiskey, mélange de trip-hop (alors à la mode), de jazz, de groove mou et de svårmodig (la mélancolie en suédois), Jay Jay Johanson, sa voix de fausset, son physique en I majuscule, faisait figure d'ovni dans la catégorie crooner un peu schlass. Est-ce qu'on peut faire carrière avec ça ? Et comment ! Bon Jay Jay n'est pas devenu Jay Z (il n'a même pas connu vraiment le succès dans son propre pays) mais a publié, en faisant varier son style inimitable (ambiance hitchcockienne sur Poison, disco-kitsch sur Antenna, piano voix sur Self-portrait), pas moins de 16 albums aux contours éplorés. Le public indé français est toujours prêt à l'applaudir lorsqu'il viendra présenter son dernier ouvrage : Fetish, qui revient à l'esthétique trip-hop jazzy des débuts, la bouteille (de Whiskey) en plus.

Au Ninkasi Kao samedi 7 octobre


Gilberto Gil

Ce n'est pas parce que Gilberto Gil vient régulièrement à Lyon que chacune de ses visites n'est pas un événement. Bon, on a affaire là à une légende, musicale, certes, mais pas que. L'homme a eu mille vies. Inventeur de la Musica Popular Brasileira (MPB) et de la révolution esthétique que sera le mouvement tropicaliste, artiste engagé, il connut la prison puis l'exil pour s'être opposé à la dictature militaire, il fut également ministre de Lula il y a 20 ans. Musicalement, Gil a touché a bien des genres et demeure à plus de 80 ans une référence de la musique mondiale dont l'influence n'a jamais terni. Il vient présenter son dernier album Em Casa Com os Gil, qui lui vaut de mener une tournée mondiale.

À L'Auditorium lundi 9 octobre


Boubacar Traoré

Dans une belle programmation d'automne, riche en trésors sono mondiale/musiques traditionnelles/populaires (Silvia Perez Cruz, Eve Risser, Souad Massi) agrémenté de pas mal de rehaussements par quatuor, l'Opéra Underground invite notamment la légende Boubacar Traoré, fringant octogénaire à qui l'on doit une grande partie de l'Histoire du blues mandingue. Celui qui fut considéré comme l'équivalent malien d'Elvis Presley dans les années 60, a connu une longue traversée du désert avant de regagner peu à peu son statut. Et de contribuer à prouver qu'il n'y a probablement rien de plus beau que le blues d'Afrique de l'Ouest. Deuxième salve le 15 octobre à l'invitation de Piers Faccini pour "Les Chemins des Songwriters".

À l'Opéra Underground, mardi 10 octobre


The Sisters of Mercy

Chose rare, les Sisters of Mercy formés en 1980 n'ont quasiment connu aucune période d'inactivité depuis 30 ans et une brève interruption et pourtant, depuis lors, n'ont publié aucun album, se contentant de concerts. Lesquels font toujours plutôt recette. Un peu vite assimilé à la scène gothique – du fait du look tout cuir et de la joie de vivre rentré de leur leader, et depuis longtemps seul membre permanent, Andrew Eldritch – The Sisters of Mercy ce sont des morceaux à la rythmique martiale – un temps prodigué par Doktor Avalanche, éminent membre du groupe qui n'était pourtant qu'une boîte à rythme –, une certaine grandiloquence taillée pour les cathédrales et le chant très très grave d'Eldritch, à faire passer Johnny Cash pour un castrat. Et des tubes en pagaille : Temple of Love, This Corrosion, Lucrecia My Reflection, qui n'ont pas rendu nécessaire l'écriture de nouveau titre.

Au Transbordeur, mardi 17 octobre


Pete Doherty & Frédéric Lo

Pete Doherty, leader à mèches courtes de feu les Libertines, se serait-il définitivement rangé des voitures (et des bidons, et de pas mal d'autres choses). On l'a souvent crû et parfois à tort. Il semble néanmoins que depuis sa rencontre avec le très prisé réalisateur-arrangeur-compositeur Frédéric Lô (et son déménagement en Normandie, où il s'est pris de passion pour le camembert), l'enfant terrible d'Albion nage dans l'apaisement, ce qui se traduit magiquement sur ses disques. Il faut dire que Lô avait déjà été à l'origine de la rédemption d'un autre artiste claudiquant, Daniel Darc. Celle-ci est du même acabit : un bel album de pop, au titre révélateur de l'univers de Doherty (The Fantasy Life of Poetry & Crime) et qui nous change de quelques prédécesseurs quelque peu paresseux et survendus.

Au Radiant, lundi 23 octobre


Realo

Realo, le jeune prodige de la « new wave », comme ils disent, revient en région après un passage notable à Nuits sonores cette année. Il est de cette vague hyperpop, plutôt casée sur le spectre rap, dont la recette comprend surtout des prods expérimentales pitchées, des voix digitales saturées dans les extrêmes, et, pour le cas Realo, un franglais yarouté plutôt entrainant — chantant les introspections d'une génération angoissée. Embarquez dans la capsule.

Au Sucre, vendredi 27 octobre


Lord Esperanza

Après trois ans loin de la scène rap, Lord Esperanza revenait en avril avec Phoenix, un projet au titre prosaïque mais à la promesse tenue. L'artiste renaît donc. Et, n'ayant rien perdu de sa rage ni de son appétit pour le kick brut et syncopé, il s'autorise une première mise à nu. Fondues dans les productions texturées de Nino Vella, les paroles intimes du Lord — qui s'octroie même une chanson d'amour — brillent dans leur rigueur d'écriture. Place nette devrait être faite aux confidences pour cette date lyonnaise.

Au Ninkasi Gerland, samedi 28 octobre


<< article précédent
Cité du Design : une Galerie épatante pour 2025