Eric Cantona : le King au micro

Qu'on se le dise, Éric Cantona s'apprête à ajouter une énième corde à un arc décidément très fourni. Cette fois il s'essaie à la chanson (plutôt chanson rock) et fête la chose par une tournée qui passe par la Comédie Odéon. Forcément étonnant.


C'est sans doute la curiosité concert de cette demi-saison, même si l'intéressé nous a pas mal habitué, en marge de sa carrière footballistique désormais légendaire, à faire des pas de côté voire emprunter des chemins guère balisés pour lui. On l'a vu ainsi se consacrer à la peinture (ce qui lui valut quelques saillies des Guignols) ; se lancer dans la poésie minute plusieurs fois (on se souvient de son : « Si les mouettes suivent le chalutier c'est parce qu'elles pensent que des sardines vont être jetées à la mer », en anglais s'il vous plaît) ; s'essayer au kung-fu, sur un supporter de Crystal Palace ; commenter le sport dans lequel il avait brillé (lors de la Coupe du Monde 1994) faire l'acteur avec succès puisqu'il s'est reconverti dans le théâtre et le cinéma ; faire le directeur sportif, en Major League Soccer, de la pub, de la photo, et même un peu de politique.

Mais de la musique, jamais. Il a bien joué dans un clip de l'Oasis Liam Gallagher (le Cantona du rock) et été à l'origine d'un buzz musical anglais : lorsque son club de Leeds gagne le titre anglais en 1992, Cantona s'exclame au balcon de l'hôtel de ville « I love you, I don't know why but I love you ». La phrase est samplée et collée sur une ritournelle musicale qui évidemment se vend comme des petits pains. On avait vu aussi le joueur chanter un Rock the Casbah particulièrement éthylique avec Mick Jones et Rachid Taha sur la scène des Nuits de Fourvière.

Sur scène

Mais s'il y a quelques années, Canto avait aussi travaillé sur les deux albums de sa femme Rachida Brakhni, sous un pseudonyme, il n'avait jamais chanté pour lui-même, ni aussi sérieusement. Or le projet en question est très sérieux, il a pour nom Cantona sings Éric et défendra des morceaux originaux dans un premier temps uniquement sur scène (quelques singles sont néanmoins sortis). Car c'est avant tout l'amour du live qui anime l'ancien joueur de foot, et le défi de se confronter à la scène sous un mode différent que celui du théâtre. On y trouvera un Cantona à la voix de stentor porté par des orchestrations volontiers dramatiques et très rock (sur les titres The Friends We Lost et I'll Make My Own Heaven, chantés avec ce délicieux accent français qu'on lui connaît). Une vraie curiosité pour un peu plus que les fans.

À noter que Cantona, formé à l'AJ Auxerre, a choisi la ville de l'Yonne pour sa résidence préparatoire à cette tournée. On ne se refait pas.

Cantona sings Éric
À la Comédie Odéon les 3 et 4 novembre


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