Entre Givors et l'Arménie

Sous la bannière des « Utopies Documentaires », la nouvelle saison d'expositions du Bleu du ciel s'est ouverte avec la juxtaposition entre le regard social de Caroline Bach sur la ville givordine et l'émotionnel d'Alexandre Bagdassarian sur la jeunesse arménienne.


Une antinomie illusoire semble hanter la nouvelle programmation du centre photographique de la rue des Fantasques. Mais le choix de juxtaposer « utopie » et « documentaire » se révèle une sollicitation réflexive, capable de déclencher la puissance du rêve, la revanche du possible en même temps qu'une pensée critique sur le monde : la philosophie de Philippe Bazin rencontre ainsi celle de Walter Benjamin. Un désir qui se concrétise parfaitement dans les deux expositions voulues par le directeur artistique Gilles Verneret.

La photographie sociale de Caroline Bach nous accompagne dans une réflexion en images sur Givors, ville sinistrée, d'abord investie puis abandonnée par l'industrialisation. Son travail ne territorialise pas la ville, mais tente une cartographie – fragmentaire – des lieux abandonnés, réinvestis ou encore capables de conserver leur destination première.

Les étoiles #3, extraite de la série Givors au confluent du Gier et du Rhône © Caroline Bach, 2020-2021

 

Dans une juxtaposition signifiante, Alexandre Bagdassarian présente La couleur de la Grenade, fruit d'un voyage en Arménie, terre dans laquelle résonnent les origines du photographe.

Grenades, Erevan © Alexandre Bagdassarian, 2022

 

Un regard délicat porté sur les lieux, les objets et les personnes, avec une attention toute particulière pour les plus jeunes, privés de leur passé et de leur avenir, enclavés dans un présent trop complexe et militarisé. Mais dans les recoins sous-exposés de leurs existences résiste malgré tout un espoir s'incarnant dans la parole poétique : celle de Sayat-Nova, l'immortel poète célébré par le film éponyme de Sergueï Paradjanov qui clôt l'exposition et ouvre à la fois une brèche utopique.

Caroline Bach, Givors
Alexandre Bagdassarian, La couleur de la Grenade
Au Centre de photographie Le Bleu du ciel (Lyon 1), jusqu'au 2 décembre


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