Le passage d'Arab Strap cette fin novembre à l'Épicerie Moderne s'annonce comme une célébration discrète et essentialiste de ses origines.
Véritable foyer sonore, en réaction aussi au phénomène excessif et surexposé de la Brit-pop, la région de Glasgow et de ses environs a généré au milieu des années 90 quelques-uns des groupes les plus intéressants du rock alternatif, parmi lesquels Belle & Sebastian, Mogwai et Arab Strap. Mais le projet d'Aidan Moffat et de Malcolm Middleton affirmait sa vocation à des allées et venues entre l'ombre et la lumière, la disparition et la renaissance.
Si The Week Never Starts Round Here de 1996 fut plus tard qualifiée par les deux musiciens comme « une bizarrerie déglinguée remplie de blagues potaches et de moments autrefois privés », deux ans plus tard paraîssait Philophobia, travail organique et considéré comme leur premier véritable album. Les sonorités résignées, l'atmosphère intimiste, les rythmes ralentis jusqu'à une cadence épuisante, les paroles vaporeuses tributaires de l'ivresse de la veille, représentaient une nouvelle articulation dolente pour les amateurs de sons angoissés.
Dans ces compositions apparaissent en filigrane Bill Callahan, Will Oldham, le post-rock, dans un mélange de slowcore minimal profondément affecté par une mélancolie inéluctable. Quatre autres albums suivront, avant un hiatus compositionnel de quinze ans, seulement rompu en 2021 par As Days Get Dark, œuvre resserrée dans une esthétique saturée et veinée d'électronique. En mars dernier, jetant un regard rétrospectif sur leur carrière, le duo de Falkirk annonçait une tournée au titre éloquent de Philophobia Undressed pour célébrer le 25e anniversaire de leur "premier" album, dans une perspective visant l'essentialité originelle. La première partie de la soirée sera assurée par Balladur, duo originaire de Villeurbanne, auteur du récent et lysergique Pourquoi certains arbres sont si grands ?
Arab Strap + Balladur (1ère partie)
À l'Épicerie Moderne dimanche 26 novembre