N'oublions pas les paroles


Le spectacle commence par une séquence de chant collective et ludique. Pouvez-vous entonner les premiers mots de cette chanson ? Et celle-ci, la reconnaîtrez-vous grâce à un simple accord ? D'abord discrète dans le public, Michka se trouve être finalement une candidate redoutable. Mais, alors qu'une proche l'installe dans un Ehpad, pourra-t-elle encore jouer, elle, la parolière aujourd'hui atteinte d'aphasie (un trouble neurologique affectant le langage) ?

Michka, c'est la comédienne monstre Catherine Hiegel, d'une justesse impeccable dans le rôle de cette femme qui voit sa vie lui filer entre les doigts ; butte sur les mots, les transforme ; lutte contre elle-même… Elle est au centre de l'adaptation aux accents musicaux du roman très théâtral Les Gratitudes (2019) de Delphine de Vigan mise en scène par Fabien Gorgeart. Mieux, elle la porte, littéralement.

Qu'importe, presque, si la densité des sujets du matériau de base semble effleurée (notamment le passé de Michka, l'une des clés du titre) et si les deux autres personnages principaux, ramenés à des fonctions narratives, ne sont pas assez dessinés. Ces Gratitudes, compactées en 1h30, sont bouleversantes par ce qu'elles renferment en creux : une déclaration d'amour à nos aînés. Et à Catherine Hiegel.

Les Gratitudes
Au Théâtre des Célestins du mercredi 29 novembre au samedi 9 décembre


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Julien Pavillard, « L'objectif n'est plus d'avoir la Fête des Lumières la plus brillante »