Trois petits points

Trois expositions à la croisée de l'édition et du design graphique occupent le Musée de l'imprimerie et de la communication graphique cet hiver. Plongée dans les petits papiers du musée. 


Le parcours s'ouvre sur l'exposition Enveloppe.s dédiée à Emily Dickinson. La poétesse américaine (1830-1886) fait l'objet d'un regain d'intérêt : après le film A quiet passion sorti en 2016, la série Dickinson sortie en 2019 retrace sa vie hors-norme. Très exigeante envers la vie et la littérature, elle choisit de vivre recluse et écrit des centaines de poèmes, mais n'est quasiment pas publiée de son vivant. Si son écriture est non conventionnelle à l'époque, elle est aujourd'hui considérée comme une autrice américaine majeure. Elle écrit beaucoup, et partout, notamment sur les enveloppes de ses correspondances. Exposées sur un pan de mur entier, on y décèle son goût pour la mise en page et la ponctuation. Son œuvre résonne avec les poèmes des collections du musée, juxtaposés afin de les faire dialoguer, affichant le jeu essentiel entre ponctuation, typographie et mise en page dans l'édition de poésie. 

La grande salle est consacrée à la rétrospective du designer français Michel Lepetitdidier Aller / voir / pouvoir / faire. En référence à la fameuse phrase “Je vais voir ce que je peux faire” qu'il prononce au début de chaque projet. Car il se considère prestataire plutôt qu'artiste, et valorise la commande qui fournit un cadre précis à partir duquel travailler. Figure discrète du design graphique, son œuvre est peu connue bien qu'elle ait marqué le paysage visuel français : il a par exemple réalisé les identités visuelles pour le musée du Louvre ou le musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône. L'importance du regard dans son travail est mis en valeur par la scénographie, réalisée avec le concours de Bureau 205. D'abord présentée à la Biennale internationale de design graphique de Chaumont en 2021, l'exposition itinérante est coproduite avec Le Signe, Centre national du graphisme. 

Le parcours se termine avec l'exposition La Fabrique : le livre du futur, restitution du travail de résidence mené par deux artistes : Hadrien Pelletier et Laura Ben Haïba. Le premier a travaillé à partir d'une collecte d'ephemera : ces imprimés de tous les jours (prospectus, tickets de transport, emballages…) recueillis auprès des visiteurs et visiteuses, puis transformés en pages illustrées d'un livre géant. Laura Ben Haïba a travaillé à partir de livres trouvés, découpant les marges afin de laisser le texte intact et de récupérer des bandelettes de papier : une œuvre délicate, qui fait écho à la première par contraste de format, mais la rejoint sur un travail de la matière sensible et intime. Le livre du futur sera recyclé et poétique, porteur de traces multiples. 

Musée de l'imprimerie et de la communication graphique
Jusqu'au 25 février


<< article précédent
"Cendrillon" de Joël Pommerat : le conte est bon