Un jour, le vieux monde, on twerkera sur sa tombe

Une poésie des entrailles aussi politique qu'elle est protéiforme : avec son recueil Frénésies, Stéphanie Vovor explose les frontières du genre. À lire aux éditions du Castor Astral ou à écouter le 1ᵉʳ février à la librairie La Virevolte.


C'est un premier recueil où cohabitent des récits poétiques et des fragments de forme libre, que l'on se plaît à imaginer déclamés. « je suis le cri / le poing / le soubresaut / la faim / la fournaise / le frisson / la mitrailleuse / le chant » C'est une poésie qui se lit, et surtout, qui s'écoute. Car derrière la forme traditionnelle du recueil, Stéphanie Vovor fait entendre sa voix sur des scènes ouvertes. Elle anime aussi des ateliers d'écriture, crée des fanzines et fédère de nouvelles écritures poétiques sur Instagram, où elle a fondé le Poétesses Gang.

Poésie de la périphérie, de Disney à Jessica des Marseillais

Où se loge sa poésie ? À cette question, elle répond : « Dans les reins fatigués d'une daronne de quartier ». On ajoute : dans Jessica des Marseillais, Candy Crush, le film Scream ou les comptines Disney. Si ce matériau poétique vous semble acidulé, détrompez-vous : Frénésies explore la violence. Celle vécue par les femmes et les « filles dont le trait d'eye-liner est mieux tracé que l'avenir » (elles sont partout derrière le "je" de la poétesse), indissociable des rapports de classe.

Le recueil transcrit la discrimination et l'injustice sociale avec plus d'évidence qu'un essai : « J'ai tendance à raconter comment le monde m'échappe et à essayer avec les mots d'approcher des choses qui sont tellement complexes, qu'en dehors de l'endroit poétique, on ne peut pas les ressentir et les faire émerger », explique-t-elle. C'est justement pour en ressentir l'écho dans sa chair qu'on lit de la poésie et qu'on la laisse infuser en soi.

Rencontre le 1ᵉʳ février de 19h00 à 21h30,
À Librairie La Virevolte, réservation conseillée
Frénésies de Stéphanie Vovor, aux éditions du Castor Astral           


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