Les Subs offrent une exploration vidéoludique dans leur hangar

Sauve qui peut la vie : c'est le nom du festival hybride qui prend place aux Subs du 24 janvier au 11 février. Le collectif Sous les néons y accueille du public tout au long de cette étonnante résidence, dédiée aux jeux-vidéo indépendants et à la transition écologique à Lyon.


« C'est une séquence inédite pour nous. Plus longue que ce que l'on fait d'habitude, plus prototypale », a déclaré le directeur des Subs Stéphane Malfettes, au cœur du hangar dont toute la profondeur a été dévoilée pour cette expérimentation. Une étendue qui a permis à la scénographe Maëva Longvert de camper un décor épuré, qui, par ses effets de lumière, croise plusieurs esthétiques. Néons cyberpunk, mapping végétal, le tout dans une jolie harmonie aux couleurs rétrofuturistes.

Au centre du hangar, entre l'espace de projection et la buvette, des petits îlots. Des tabourets rassemblés autour d'écrans, ou d'autres compositions plus intrigantes. Plus d'une dizaine de jeux produits par des studios indépendants sont présentés dans ces espaces, prêts à être essayés par le quidam.

Rien de révolutionnaire pour les mordus de jeux-vidéo indépendants, mais une très belle introduction au genre pour ceux qui s'y connaissent un peu moins : Cloud Garden, Sunset shift, le très romantique Haven, Nuts, Terra Nil, Plague inc evolved  (qui permet, le temps d'une « game », d'incarner le Covid ou tout autre maladie terrifiante ayant pour but de supprimer tous les habitants de la terre), mais aussi Donut County, Everything, Mushroom 11 ou encore le très caustique Say no ! more.

Sauve qui peut la vie aux Subs, à la croisée des mondes

Ce sont les installations à « contrôleur alternatif » qui sont sans doute les plus intéressantes. De jolies expériences à la croisée du monde matériel et du monde numérique, où l'enjeu est — par exemple Beasts of Balance – de créer un biotope équilibré avec de vrais objets.

« Ce festival est aussi un pied-de-nez à l'idée que les jeux-vidéo rendent violents, s'amuse Stéphane Malfettes. Ici, ces derniers invitent à penser l'urgence écologique, la relation au vivant. »

Une préoccupation qui pourrait sembler paradoxale dans une industrie créative intrinsèquement polluante. C'est pourtant le questionnement qui a modelé l'ADN du collectif Sous les néons, au sein duquel évolue Nicolas Ligeon, aussi codirecteur du théâtre de l'Élysée à la Guillotière (Lyon 7e). Il programme d'ailleurs depuis des années des « Playformances » au théâtre de l'Élysée. Un format étonnant, à mi-chemin entre une conférence gesticulée, du stand-up, du théâtre et une démonstration de jeux-vidéo « rôle-play » en live. Un concept exporté aux Subs pour le festival Sauve qui peut la vie.

Les playformances : une performance inexplicable aux limites encore peu définies

Ce mercredi 24 janvier, Hugo Sastre-Fournès s'est essayé à cet exercice difficile devant les gradins pleins à craquer des Subs. Vêtu d'un poncho, il a invité son public à une divagation dans les montagnes boliviennes de Ghost Recon wildlands, un triple A (ou blockbuster) du jeu-vidéo. D'une main, il a guidé son personnage sur un petit ordinateur portable à l'écran rétroprojeté derrière lui, de l'autre, il a harangué le public, évoquant le contexte géopolitique, social et économique de la Bolivie, l'impérialisme américain, le commerce de la cocaïne.

Une façon étonnante de croiser théâtre et jeux-vidéo qui sera reproduite tout au long du festival Sauve qui peut la vie, tantôt par des habitués de l'exercice, tantôt sous forme de scène ouverte à laquelle tous et toutes pourront participer.

Ce long festival des Subs accueillera aussi son lot de conférences et masterclass, soirées stand-up plus conventionnelles, DJ sets, enregistrements de podcasts et autres performances comme du live-coding musical. On retient aussi la soirée mêlant mix psychédélique et performance vidéo (A Strange Wedding ft Malo Lacroix) du samedi 10 février. 100 % de la programmation est accessible gratuitement.

Aux Subs du 24 janvier au 11 février 2024
Le programme détaillé ici.


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