Avec l'ouverture de la LDLC Arena à Décines « La concurrence est plus rude »

Halle Tony Garnier, LDLC Arena : l'arrivée d'un nouveau concurrent à Décines menace-t-il le fragile équilibre des salles de concert à Lyon ?


Sting, Calogero, Shaka Ponk : des artistes mondialement connus qui ont déjà enflammé les planches de la salle omnisport de l'OL Vallée. Petite sœur du Groupama Stadium (60 000 places), l'achèvement de la LDLC Arena (6 000 à 12 000 places) a marqué l'aboutissement du rêve d'hégémonie de Jean-Michel Aulas. Dommage qu'il n'eût été encore président de l'OL pour le voir. C'est sous l'égide du nouveau racheteur du club, John Textor, que le ruban a été coupé en grande pompe le 23 novembre dernier à Décines.

Qui veut racheter la LDLC Arena ?

Quelques semaines plus tard, la rumeur d'une mise en vente par ce dernier courrait déjà. Elle a depuis été confirmée. GL Events mais aussi le célèbre basketteur Tony Parker ainsi que Jean-Michel Aulas (via sa holding) seraient, paraît-il sur le coup. Un sacré ''coup'' car la salle omnisport a coûté 141 millions d'euros à l'OL, investis dans les infrastructures, une sonorisation high tech, mais aussi dans quelques accessoires, comme son "cube" ; un écran géant à quatre faces de 140 mètres carrés.

Objet du rêve de grandeur de Jean-Michel Aulas, la LDLC Arena s'est imposée dans un écosystème des salles de concerts déjà relativement complet et équilibré, où chaque événement pouvait trouver la jauge lui correspondant. La LDLC Arena  — qui a refusé de répondre aux questions du Petit Bulletin — a par ailleurs signé un contrat de programmation avec la major américaine du divertissement Live Nation, connue pour ne souffrir aucune forme de concurrence.

L'impact des infrastructures de l'OL Vallée déjà perceptible

De quoi tracasser la Halle Tony Garnier qui propose depuis 1988 une jauge de remplissage proche de l'Arena, allant de 3 000 à 16 000 places. D'ailleurs depuis l'arrivée de l'Arena, « Les prévisions pour 2024 sont à la baisse », détaille Thierry Pilat, directeur général de la Halle Tony Garnier. « Une partie des spectacles qui avaient lieu à la Halle jouent à l'Arena ». Pas d'inquiétude cependant, l'Arena n'a pas encore siphonné toutes les dates de la Halle Tony Garnier : « On a moins de dates, c'est un rythme qui correspond plus aux années pré-Covid », tempère le directeur général.

Thierry Pilat s'était préparé à l'enjeu représenté par l'ouverture de la salle concurrente. Le défi a dû être posé sur la table par la Ville de Lyon — propriétaire des murs — dès sa nomination, en 2021. L'outsider stéphanois l'avait emporté face à un producteur de tournées internationales (qui jouait la carte de la continuité du lieu) et une directrice de tiers-lieux culturels qui proposait une refonte de la Halle Tony Garnier à la sauce pro-local et végétalisation.

Il se disait alors que Thierry Pilat incarnait une synthèse des deux visions, à même de faire face aux enjeux qui se profilaient pour la Halle, comme l'ouverture de la LDLC Arena.

Des contraintes de plus en plus nombreuses pour la Halle Tony Garnier

Depuis, la Halle — qui s'est toujours autofinancée — a continué à accueillir spectacles grand public, salons, conventions d'entreprises et autres événements rentables, mais pas seulement. « On a développé le projet culturel en réalisant des partenariats avec des acteurs du territoire », revendique le directeur général. Il cite la récente soirée I hate models, produite par les Lyonnais de Totaal Rez qui a signé le retour de la techno à la Halle après plus de 20 ans.

Le directeur général évoque aussi, avec déception, le festival Wintower. Pendant hivernal du festival Woodstower, l'événement n'a pas rencontré son public lors de sa première édition en 2023. « Une salle comme la nôtre représente un risque important pour les structures qui travaillent avec nous, chaque initiative est un pari économique risqué », détaille Thierry Pilat. 

Des gageures de plus en plus aventureuses à l'heure de la concurrence avec la LDLC Arena, mais aussi de la hausse des coûts : « À partir de juin 2022, on a dû absorber une augmentation importante, allant jusqu'à 325 %. Heureusement, le volume des ''gros spectacles'' est en train d'augmenter, ç'aurait été difficile sinon », détaille le directeur général.

La concurrence des stades inquiète

Cependant, ces ''gros spectacles'' se tournent aussi  — lorsqu'ils le peuvent — vers les stades. « Quand on ajoute les concerts prévus au Groupama Stadium à l'offre existante, on se demande à quel moment l'offre va saturer », s'interrogeThierry Pilat. D'autant plus que les événements en stade jouissent d'un avantage supplémentaire. Le public doit les réserver très en avance, damant le pion aux concerts de plus petite envergure pour lesquels les spectateurs ne se mobilisent souvent que quelques semaines en amont.

« Nous sommes attentifs, pas inquiets », martèle le directeur général de la Halle Tony Garnier qui prend garde à ne pas envoyer de signaux négatifs : « La Halle Tony-Garnier reste irremplaçable, de par son histoire, son architecture et son emplacement géographique », a-t-il conclu.


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