Thomas Wiesel : « Des personnes ont quitté leur travail après avoir vu mon spectacle »

Dans son troisième spectacle “Thomas Wiesel travaille” l'humoriste romand se livre à une satire mordante du monde du travail, de ses absurdités et de ses injustices. Il sera le 15 février à la Bourse du Travail de Lyon.


Pour ce troisième spectacle, vous avez choisi de vous attaquer au monde du travail, pourquoi ce choix ?

Thomas Wiesel : J'ai la sensation que la thématique est sous-exploitée alors que c'est un sujet capital. Pourquoi, dans un monde en mouvement, la vision du travail bouge-t-elle si peu ?

Divertir votre public avec cette thématique, n'est-ce pas un pari risqué ?

Je me suis préparé au fait que le spectacle soit mal accueilli. Effectivement, le travail phagocyte la vie privée et peut être source d'angoisse et d'anxiété. Je pense que d'en parler de façon légère permet de prendre un peu de recul, voire de se sentir moins seul ou même d'entamer une réflexion. J'ai même eu des retours de personnes qui ont changé de situation professionnelle après avoir vu mon spectacle.

Quel a été votre parcours avant de devenir humoriste ? 

J'ai été brièvement comptable pour une entreprise, et ça m'a donné un petit aperçu de ce qu'est le travail à heures fixes, dans les mêmes bureaux avec les mêmes collègues. J'ai vite réalisé qu'il y avait un potentiel à tourner cela en dérision. Aujourd'hui, je n'ai pas de patron, il n'y a aucune de mes journées qui se ressemblent et je fais ce qui me passionne. En même temps, je me bats aussi contre cette vision d'un “métier-passion” où on ne travaille pas.

Considérez-vous que porter un tel spectacle, surtout en Suisse, est une forme d'engagement ? 

Jouer ce spectacle est plus provocateur dans mon pays d'origine qu'en France, pays où il entre en résonance avec d'autres propositions artistiques, critiques du monde du travail. Si ‘faire de l'humour en engagé' veut dire écrire un spectacle qui parle de la société avec honnêteté, alors oui, ça en est. Je suis peu friand d'étiquettes, mais j'ai conscience qu'en revendiquant le droit de ne pas mettre le travail au centre de sa vie, je porte forcément un message politique.

Quelle analyse faites-vous de cette recherche perpétuelle de performance dans le travail ? 

J'ai cette crainte qu'on arrive au crépuscule de nos vies et qu'on se demande alors pourquoi on a cru à ce modèle aussi longtemps. Je crois qu'on aurait beaucoup à gagner en adoptant des paradigmes différents. Je souhaiterais qu'on reconnaisse d'autres ‘réussites' que celles professionnelles, comme fonder une famille, entretenir des relations. Un bilan comptable ne doit pas être le seul critère de réussite.


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