S'enforester avec les présences discrètes de Sylvie Mangaud


Le phénomène anthropique de la déforestation fait partie des drames indéniables de notre époque. Et si l'on inversait ce processus le temps d'une visite d'exposition ? Pourtant, à première vue, rien de végétal ne semble s'afficher dans la salle de plain-pied aux bords de la Saône, où dialoguent les sculptures de Sylvie Mangaud et les paysages de Bernard Buffet. Or, se promener parmi les œuvres de l'artiste parisienne se révèle rapidement une expérience d'enforestation : en premier lieu limitée aux abords, la forêt se déploie progressivement jusqu'à envahir l'intimité du visiteur.

Les filiformes œuvres de l'artiste peuplent ainsi l'espace comme des présences à la fois discrètes et majestueuses, exhibant une verticalité légère et aérienne à même de conjurer la masse de bronze qui les constitue. Minuscules ou démesurées, les sculptures s'élancent ou gisent sans faire de bruit, dissimulant une croissance discrète, propre au monde végétal. Elles agissent clandestinement dans le regard humain, s'infiltrant dans la vie afin de réenchanter son monde intérieur. Juxtaposant ces œuvres, les paysages de Bernard Buffet semblent imposer le tempo de la visite grâce à la puissance d'un trait qui dessine une trame marquée et dense, attirant les architectures humaines dans un enchevêtrement imaginaire de branches d'arbres.

Bernard Buffet, Le petit temple Helan, Kyoto, lithographie, 65 x 53 cm

 

Sylvie Mangaud & Bernard Buffet
À la galerie Michel Estades, Lyon 1er, jusqu'au 9 mars


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