Cinq expositions à découvrir en février à Lyon et ses alentours

Entre rêve et réalité, histoire et maladie, les lieux de l'art de la métropole lyonnaise recèlent de véritables joyaux. Nous vous proposons cinq étapes de découverte du lien indissociable entre l'art et la vie.


Golf Sud par Mabeye Deme, à la galerie Regard Sud

Figures ectoplasmiques défilant devant les yeux, présences anonymes à la consistance impalpable. S'agit-il d'un rêve ? Une interrogation accompagnée par l'interminable trajectoire plongeant au cœur des images. Ce mouvement permet de saisir les détails, les intermittences d'un filtre – celui de la toile des tentes installées dans les rues de Dakar – qui occulte et protège, restituant la vue au vacillement, à son incertitude. Les clichés de Mabeye Deme, photographe et réalisateur franco-sénégalais né à Tokyo, et qui a grandi à Paris, apparaissent comme des images arrachées au spectacle de la rue et projetées dans la brume cotonneuse du songe.

© Mabeye Deme

À la galerie Regard Sud, Lyon 1er, jusqu'au 6 avril


Imago par Yann Lacroix, à la fondation Bullukian

Fruit du partenariat entre la Fondation Bullukian et l'Abbaye royale de Fontevraud, Imago n'est pas seulement l'exposition personnelle de Yann Lacroix, mais un véritable événement numineux, à savoir la mise en œuvre du sacré dans l'expérience humaine. L'errance dans les salles s'apparente ainsi à une découverte spirituelle convoquant la sérénité et l'écoute, le silence et la remémoration. Les toiles de l'artiste savent évoquer, sans devenir des descriptions minutieuses. Un voile à la consistance duveteuse les protège afin de les restituer au royaume du rêve et de la mémoire, lieu de leur probable provenance. Un instant hautement spirituel dans le cœur de la Presqu'île.

Yann Lacroix, Lugdunum, 2023, courtesy Galerie Anne-Sarah Bénichou © Fondation Bullukian

 

À la Fondation Bullukian, Lyon 2e, jusqu'au 13 avril


Dévisage par Rebecca Moyrand, à la ferme du Vinatier

Un chiasme se niche au cœur de Dévisage, projet photographique de Rebecca Moyrand, à découvrir jusqu'au 23 février à la ferme du Vinatier : regarder et être regardé, inverser les rôles et tenter une traduction fragmentaire en mots de ses propres émotions. Infirmière en psychiatrie, Rebecca Moyrand documente avec un respect bouleversant et une élégance discrète le quotidien de personnes dépressives chroniques, schizophrènes ou souffrant d'addictions. L'étude de la posture cède ainsi la place à l'immédiateté de la monstration des visages, des corps et de leurs détails, témoins de la seule vérité : celle de l'émotion qui n'appartient qu'à elles et eux.

 © Rebecca Moyrand

 

À La ferme du Vinatier, Bron, jusqu'au 23 février


Lawal Quilcas par Laurent Mulot, à la galerie Françoise Besson

Avec cette exposition, Laurent Mulot restitue un savoir gisant dans les interstices de la nature. Suivant une expédition scientifique dans la jungle froide du Lac Menedez en Patagonie (Argentine), le photographe documente le travail des chercheurs s'attachant à des analyses dendrochronologiques (relatif à la datation par l'étude des anneaux de croissance des troncs d'arbres) d'un exemplaire millénaire de Fitzroya cupressoide, « lawal » en langue mapuche. Horloge absolue conservant dans sa chair l'histoire climatique ainsi que des cataclysmes cosmiques, l'arbre appartient à un biotope précieux, conservé et respecté par les mapuches : un lien précieux et inéluctable avec la nature se réverbérant dans les images sensibles de Mulot.

© Laurent Mulot

 

À la galerie Françoise Besson, Lyon 1er, jusqu'au 2 mars


Lyon et sa région vus par les artistes

Au cœur du quartier de Vaise, entre vieilles bâtisses encore empreintes des marques du passé et nouveaux immeubles épurés, se scelle un fascinant trésor mnésique révélant des images précieuses : la Tomaselli Collection. Avec Lyon et sa région vus par les artistes, le musée privé de Jérôme Tomaselli propose un voyage de quatre siècles à travers les regards d'artistes qui ont livré un cristal de temps à la postérité. De la raphaélesque Vierge à l'Enfant de Jacques Stella (début du XVIIe siècle) aux œuvres contemporaines de Michel Borro, Anthony Verot et Marie-France Chevalier, en passant par les peintures de Fleury Richard, Louis Janmot, Antoine Ponthus-Cinier, Louis-Hilaire Carrand, Auguste Ravier, Pierre Combet-Descombes, Jean Fusaro, Jean Couty et Patrice Giorda, cette exposition dépeint un portrait éclectique de la fécondité d'une région exceptionnelle.

Jean Couty, La colline de Fourvière, Huile sur toile, 73x60 cm © Musée Jean Couty

 

À la Tomaselli Collection, Lyon 9e, jusqu'au 13 avril


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