Réduire l'œuvre à sa plus simple expression : Elodie Seguin à la BF15

Lieu consacré depuis toujours à l'intense dialogue entre art et lumière, le BF15 accueille jusqu'au 23 mars le travail minimaliste de la peintre et sculptrice parisienne Elodie Seguin. 


Elodie Seguin est réticente à toute expression monologique de l'art. Elle met donc à profit la triple partition de l'espace d'art contemporain du Quai de la Pêcherie et exprime la rencontre entre différentes phases de son travail, revendiquant la mutation continue de l'acte de s'exposer.

Une partition minimaliste

Inondée de lumière naturelle, la première salle accueille Transparence sans transparence, installation site specific au pouvoir envoûtant. Il s'agit d'une œuvre composée de nombreuses bandes de carton-bois aux teintes pastel, dont les couleurs se côtoient sans jamais se superposer. Mais l'œil se laisse prendre au piège de cette grammaire lyrique silencieuse, synthétisant la juxtaposition dans un chevauchement qui produit la transparence. Un innocent mensonge se glisse ainsi dans une installation évoquant l'art minimaliste : la peinture analytique dialogue avec la musique répétitive.

Si l'œil parcourt les peintures, l'oreille semble percevoir les pattern insistants de Glass ou de Reich, conférant à ces panneaux un sentiment lyrique et essentiel. La peinture analytique d'Elodie Seguin combine les pans zippés de Barnett Newman avec le Grammature di colore d'Elio Marchegiani. Cette modalité s'intensifie dans la salle suivante avec Dentelle, œuvre qui semble rappeler un nuancier mais se révèle la partition d'une musique inconnue exclusivement composée de traits de couleur.

La visite se termine dans la salle du fond, où de grands blisters thermoformés sont accrochés aux murs. Leur transparence permet de contempler les objets contraints dans les cases, des sculptures minimales qui n'épousent pas parfaitement la forme de leur logement, créant ainsi un espace de liberté, un vide à remplir.

Shaped Colors. Élodie Seguin
À la BF15, Lyon 1ᵉʳ, jusqu'au 23 mars


<< article précédent
Annie Puybareau : en quête de la lumière à la galerie Saint-Hubert