Le dur labeur de la terre sous l'oeil de Kentaro Kumon

Pour sa première exposition en Europe, le photographe japonais Kentaro Kumon a accepté l'invitation de la directrice Mari Katagiri d'exposer un aperçu de son travail axé sur le paysage et ses modifications humaines.


Installée depuis 2012 rue Burdeau, la Galerie 48 est devenue, en octobre dernier, un lieu nomade investissant un lieu différent pour chaque exposition. Jusqu'au 2 mars sa résidence temporaire se trouve au 6 rue Vauzelles, dans le haut des Pentes de la Croix-Rousse, accueillant le travail de Kentaro Kumon, pour sa première exposition en Europe.

Paysage naturel et travail anthropique

Plus de quarante clichés instaurent un dialogue raffiné avec une face peu connue de l'empire du Soleil Levant. Portées par un chromatisme sensible et un lyrisme raffiné, les photographies de Kentaro Kumon consignent des fragments d'un quotidien lourd et répétitif, ponctué par des rythmes naturels et les besoins du marché.

Dans l'extraordinaire silence qui habite les images, surgissent des gestes anciens et communs, liés par l'appartenance au monde de l'agriculture et de la pêche. La relation sans intermédiaire avec la terre et l'eau délimite la culture d'un travail qui sous-tend la chaîne alimentaire.

Le regard de Kumon se pose ainsi sur les femmes et les hommes appartenant au secteur primaire, ce qui renvoie l'être humain à l'origine de la civilisation sédentaire. La nature, belle et puissante, se plie aux besoins humains à travers une domestication qui, bien que rationalisée selon les principes du capitalisme, montre ses limites et ses failles.

Les usines et les ports abandonnés, joints aux aléas des saisons, invalident une production que l'on voudrait efficiente et parfaite. Dans ces contrepoints surgissent ainsi les gestes et les visages d'une humanité qui résiste malgré tout, interrogeant directement la nature pour sonder sa disponibilité. Comme ces vieilles dames de la ville balnéaire de Wajima qui, pour prendre la décision de récolter ou non des algues, répondent candidement « Demandons à la mer ».

Portrait de la terre des hommes. Kentaro Kumon
À la Galerie 48, Lyon 1er, jusqu'au 2 mars


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