Les maîtres stoïciens Steve Gunn et David Moore délivrent leur philosophie

Vendredi 1er mars, sur la scène du Périscope, la guitare de Steve Gunn et le piano de David Moore donneront vie à un dialogue mesuré et élégant entre ambient et folk expérimentale. 


Il y a quelques mois, Steve Gunn et David Moore sortaient Reflections Vol. 1 : Let the Moon Be a Planet, première collaboration entre les deux New-Yorkais à même d'embrasser toute la fragilité du monde. « Ce projet est parti d'une idée tellement simple », explique le guitariste. « Il est allé au cœur même de ce que je suis, de ce que j'étais et de ce que j'essaie de faire en tant que musicien. L'enregistrement de ce disque est devenu un rituel très bénéfique pour moi, presque un processus méditatif. » Comme le rappelle Moore, « notre seule motivation pour faire ces morceaux était de nous sentir bien en les faisant, et il n'y avait rien d'autre derrière. Je ne sais pas si j'ai déjà fait un disque qui s'est fait aussi naturellement. »

Transformer les émotions, être maître de soi

Des déclarations similaires de la part de deux musiciens chevronnés comme Gunn et Moore pourraient surprendre. Le premier, qui a su construire en quinze ans une œuvre admirable, et le deuxième, fondateur et membre principal de l'ensemble de musique minimaliste Bing & Ruth, sont des artistes prolifiques et exigeants, capables de traverser les genres et les styles et de créer des compositions soignées dans les moindres détails. Let the Moon Be a Planet décline, au contraire, la spontanéité de l'improvisation dans une séduisante sobriété esthétique.

Inutile de chercher ailleurs le secret de cette alchimie parfaite, incarnée par huit titres éthérés et rêveurs : il réside dans cette simplicité bienfaisante qu'on ne peut assimiler avec la légèreté de la récréation. S'affranchissant des lourdes superstructures sociétales, Gunn et Moore laissent les mélodies individuelles se poursuivre avec flegme, sans l'angoisse de la performance. Les notes arrivent au bon moment, dans un décalage temporel désagrégeant toute attente.

Une invitation au calme et à l'apaisement

Avec son précédent album, Other You (Matador, 2021), Gunn avait livré à la postérité une œuvre riche et équilibrée, avec des sonorités à la Kurt Vile (qui l'accompagne dans The Violators), un hommage à Brian Eno (Basin incarne parfaitement la suite de Music for Airports), un songwriting raffiné qui rend hommage à Go-Betweens et une atmosphère qui navigue avec retenue entre Robert Wyatt et Penguin Café Orchestra. Mais Gunn atteint la perfection avec Sugar Kiss, dans lequel sa guitare se confond avec la harpe de Mary Lattimore (de passage au Sonic quelques jours plus tôt). Un morceau rêveur et lysergique, probablement le chef-d'œuvre de Gunn, dans lequel il ne semble pas incohérent de retrouver la genèse de Let the Moon Be a Planet, manifeste d'une philosophie du calme et de l'apaisement.

Steve Gunn & David Moore
Au Périscope le vendredi 1 mars


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