Cette fois-ci, la source de l'écriture n'est pas un plat : tout part d'un carnet d'odeurs, sur lequel une petite fille note tout ce qu'elle a senti au cours de la journée. Les années passent et le carnet s'épaissit autour de cette obsession olfactive. Les fragments de ce fascinant journal se mêlent à d'autres histoires, qui ont toujours une odeur pour toile de fond. D'Orphée à Simone Veil, de New-York à Téhéran : des contes modernes et magiques où les personnages principaux n'ont jamais de prénom.
Associer une odeur à un morceau de musique, un état physique à la texture d'un plat, une matière à un état émotionnel : l'approche artistique de Ryōko Sekiguchi relève de la synesthésie, cette faculté à superposer plusieurs sensations qui n'ont apparemment pas de rapport entre elles. C'est une inspiration pour approfondir notre perception du monde, narines au vent. Mais aussi une réflexion sur ce que l'on peut construire en l'absence d'odeurs ou d'odorat, comme un pied de nez aux vicissitudes du covid.
Rencontres :
L'appel des odeurs de Ryōko Sekiguchi, aux éditions P.O.L