Le jardin discret de Guillaume Talbi


Au cœur du Fort Saint-Irénée, parmi les vestiges de l'aqueduc du Gier, le Nouvel institut franco-chinois accueille la rencontre avec les œuvres de Guillaume Talbi, dans le silence qui l'entoure et le protège.

Réalisés lors de la résidence au Shigaraki ceramic cultural park en 2023, ses grés émaillés créent un véritable parcours émotionnel dans la salle principale du musée ainsi que dans les bureaux du premier étage, investissant un espace de travail avec l'élégance de la discrétion.

Évocations de Deucalion et Pyrrha

D'une part, ces « fleurs courageuses » évoquent le mythe grec de Deucalion et Pyrrha, les deux titans qui survécurent au « déluge universel » voulu par Zeus, dont le geste de lancer des pierres (les « os de la Terre ») par-dessus leurs épaules permit le repeuplement du globe.

D'autre part, les sculptures s'inspirent des figurines de danseuses de la période Tang (618-907 av. J.-C.), représentations capables d'incarner le geste choreutique dans sa dimension la plus rigoureuse et la plus musicale.

Des formes réticentes à toute définition visuelle

Les œuvres de Guillaume Talbi condensent des références éloignées dans le temps ressurgissant comme des survivances warburgiennes. Les formes anthropomorphes, biologiques ou phytomorphes conservent une vie qui les rend réticentes non seulement à la fixation temporelle, mais aussi à toute définition visuelle.

C'est seulement dans cette incertitude de la parole que les créations suggestives de l'artiste peuvent agir, construisant un jardin sui generis, clos par une paroi d'une centaine de sanguines dont le motif végétal se répète avec insistance, alliant différence et onirisme.

Vue de l'exposition Les fleurs courageuses, 2024 ©Guillaume Talbi

 

Les fleurs courageuses. Guillaume Talbi
Au Nouvel institut franco-chinois jusqu'au 26 avril


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