Une 17ᵉ Biennale d'art contemporain invitant à cheminer dans Lyon

Pour cette 17ᵉ édition de la Biennale d'art contemporain qui aura lieu du 21 septembre 2024 au 5 janvier 2025 à Lyon, les artistes investiront pour la première fois les Grandes Locos à La Mulatière, ainsi que la Cité internationale de la gastronomie. Zoom sur une Biennale qui gravitera autour des questions d'accueil et d'altruisme.


La programmation de la prochaine Biennale d'art contemporain a été présentée à la presse ce 3 avril au matin, aux Grandes Locos, à la Mulatière.

La commissaire invitée Alexia Fabre a pu présenter les idées directrices de cette prochaine édition : les valeurs d'altruisme et d'accueil de l'autre, avec la symbolique ''Les voix des fleuves - Crossing the water''.

Qu'il s'agisse des nouveaux lieux de la Biennale (les Grandes Locos à La Mulatière et la Cité internationale de la gastronomie), ou de ceux exploités lors des éditions précédentes (Musée d'art contemporain de Lyon, Institut d'art contemporain de Villeurbanne, Fondation Bullukian, Musée des beaux-arts et Lyon parc auto), tous accompagnent de près ou de loin le cheminement du fleuve Rhône, du nord au sud de la métropole, jusqu'à l'ancien technicentre SNCF, où on a — il fut un temps — réparé des bateaux avant de les remettre à l'eau.

Alexia Fabre
Originaire de Bayonne, celle qui dirige les Beaux-arts de Paris est apparue comme une évidence pour l'équipe de la Biennale. « Sa sensibilité est proche de la mienne », témoigne Isabelle Bertolotti, directrice artistique de la Biennale d'art contemporain : « Je connaissais bien son travail à Vitry [au MAC VAL ndlr], elle témoigne d'une volonté sensible de valoriser la scène française au sens large, d'accompagner les artistes sur le long cours », conclut-elle.

De l'art contemporain en long, en large et en hauteur

Une prochaine édition de la biennale qui sera protéiforme, avec près de 70 artistes invités. Les Grandes Locos (qui accueilleront auparavant Nuits sonores et le Lyon street food festival) offriront de nombreuses possibilités d'expression en extérieur, en intérieur, en hauteur. Dans le premier bâtiment, 10 000 m² seront dédiés à la création, avec des volumes pouvant aller jusqu'à 24 mètres de hauteur.

Les voûtes, bâties en 1936, témoignent effectivement du passé industriel des lieux, mais le plus perturbant reste l'immensité du vide, qui s'étale en intérieur comme en extérieur sur pas moins de huit hectares. « On se croirait sur une autre planète, hors du temps », décrit Isabelle Bertolotti.

« C'est une cathédrale de lumière. Industrielle certes, mais il y a trois voûtes », s'en amuse Alexia Fabre à la visite du ''bâtiment 1'' par la presse le 3 avril au matin. Un plaisir non dissimulé auquel s'est joint la directrice de la Biennale, Isabelle Bertolotti : « On passe d'une Biennale en lieux, à une Biennale en cheminement, avec beaucoup d'extérieurs, des grands espaces, qui nous laisseront la possibilité d'installer une petite buvette, des bancs, pour rompre avec la pratique normée de la visite. »

Aux Grandes Locos, la révolte

Les Grandes Locos accueilleront des artistes qui articuleront leur travail autour des questions de soulèvement et de révolte. Issu(e)s de la région, mais aussi du monde entier, respectant au passage une belle parité et représentativité.

Parmi elles et eux, Hélène Delprat, peintre, vidéaste, scénographe et même blogueuse, qui s'inspire de la littérature, du cinéma, de la radio, de la presse et d'Internet pour créer un œuvre protéiforme, en procédant par collages d'images.

Mais aussi Clément Courgeon (ancien étudiant d'Hélène Delprat) qui rejoindra Lyon depuis Paris en roulotte avec un cheval. L'animateur social qui s'occupe d'enfants autistes accueillera petits et grands dans sa maisonnette sur roues pour des performances interrogeant le rapport à la marginalité et à la mascarade.

L'anglais Oliver Beer reviendra à Lyon après avoir été exposé au MAC il y a quelques années, il explorera le phénomène acoustique de la résonance au travers de son travail dans la grotte paléolithique de Font-de-Gaume.

Lina Lapelyté, artiste lituanienne, proposera The mute en faisant chanter (en extérieur) des personnes qui chantent faux.

Myriam Mihindou, artiste franco-gabonaise exposera un bouquet de bras de femmes qui se lèvent, le doigt levé. Une fois de plus une œuvre chorale, collective pour célébrer la thématique de cette Biennale.

Rituels et famille à la Biennale d'art contemporain de Lyon

À la Cité de la gastronomie, les œuvres auront pour dénominateur commun les rituels, les soins, le partage autour de la vie domestique. On y trouvera le travail de Christian Boltanski (décédé en 2021) avec une œuvre contemplative produite au Québec. 

Le travail de Guadalupe Maravilla sera aussi visible à la Cité de la gastronomie. Explorant son expérience personnelle de la migration et de la maladie, il invente des rituels communautaires accompagnés de sculptures inédites, portatives, qu'on pourrait croire inspirées par des ex-voto.

Au Musée d'art contemporain, on pensera la question de la famille, avec le travail de l'anglaise Grace Ndiritu, qui imagine déjà un grand temple dans lequel elle réconcilie des œuvres et des artefacts de l'humanité dans sa vastitude. Avec des objets empruntés au Lugdunum ainsi qu'au Musée des beaux-arts.

Par son travail, le franco-palestinien Taysar Batniji abordera son rapport au territoire perdu, au nouveau pays et à sa famille. 

De l'émergence à l'IAC

Autre travail introspectif, Robert Gabris, autrichien, s'hybridera par le dessin, exprimant les difficultés d'une double identité queer et rom.

La création de Christian Boltanski apparaîtra ici aussi, avec sa femme, Annette Messager. Le voyage de noces, célèbre leur voyage annuel à Venise, constitué de rituels, de moments de passages, et d'amour.

Pour ne pas rompre avec la tradition, l'Institut d'art contemporain de Villeurbanne présentera la jeune création internationale, avec le travail de dix artistes émergents, dont cinq artistes de la scène régionale et cinq de la scène internationale.

Biennale d'art contemporain
du 21 septembre 2024 au 5 janvier 2025


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