Poisson clown


« Une image vaut mille mots » aurait dit Confucius, comme toujours très inspiré – et très inspirant depuis les sites de citations. 2500 ans plus tard, l'humoriste Lou Trotignon s'inscrit dans les pas du fameux philosophe chinois en titrant son premier spectacle Mérou, du nom de ce poisson qui peut changer de genre au cours de sa vie sans que ça n'ait l'air de paniquer qui que ce soit au cœur des profondeurs marines.

Comprendre qu'au-delà de la blague parfaitement délivrée sur scène (plus jeune, Lou Trotignon, bien décidé à vivre la moitié de sa vie en femme et l'autre en homme, explique s'être cherché en vain des modèles, jusqu'à tomber sur celui-ci, « trop moche »), le comédien trans non-binaire démontre que son existence n'est tout simplement pas contre-nature, n'en déplaise aux éructations des transphobes.

Délicatesse et autodérision

Face au public, Lou Trotignon fait de l'intime du politique sans forcer, en accompagnant avec délicatesse et pas mal d'autodérision (sur son parcours sinueux avec plusieurs coming-out, sur sa pratique inattendue du strip-tease, sur son aversion pour le beige…) des spectateurs et spectatrices pas forcément au fait de tous ces enjeux. À l'image, finalement, du jeune Lou Trotignon qu'il était encore, il y a quelques années, avant de transitionner, de s'épanouir dans le stand-up et de rencontrer un petit succès de moins en moins petit depuis un an et demi.

« Oublie les injures, n'oublie jamais les bienfaits » aurait également dit Confucius. Et fais-nous rire avec tout ça aurait-il pu conclure.

Lou Trotignon
Au Complexe du jeudi 18 au samedi 20 avril


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