Les Ziniars et le modernisme à Lyon

Avec presque deux-cents œuvres, "la Modernité à Lyon : 1900 – 1925", la nouvelle exposition de la Tomaselli Collection vise à dessiner les contours d'une koinè artistique créative et en effervescence, entre dissidence, introspection et appréhension pour la Grande Guerre.


Après le franc succès de l'exposition Lyon et sa région vus par les artistes esquissant quatre siècles de peinture lyonnaise, pour son cinquième rendez-vous la Tomaselli Collection, en partenariat avec l'association Brouill'Arts Lyonnais, a voulu axer son attention sur la modernité des propositions esthétiques des artistes du début du XXe siècle, réservant une place spéciale au groupe des Ziniars.

Tradition et dissidence

Depuis des siècles la ville de Lyon représente un lieu de recherche de nombreuses générations d'artistes, et les traces laissées dans le temps constituent aujourd'hui l'histoire fascinante et plurielle d'ateliers, de groupes et de rencontres.

La Modernité à Lyon : 1900 – 1925 a le mérite d'attirer l'attention sur un groupe d'artistes de la région pendant trop longtemps oubliés : les Ziniars, un nom incarnant la réfutation du statu quo de l'académisme de l'époque, calembour ironique entre « ignares » et « zinnia ». Dissidents du Salon d'automne, les artistes regroupés autour de l'écrivain Gabriel Chevallier et des critiques Marius Mermillon et George Besson ont fait trembler la peinture lyonnaise en injectant dans ses veines les humeurs contemporaines, de Cézanne à Derain, de l'expressionisme au cubisme.

Le Maître et le groupe des Ziniars

En guise de figure tutélaire, Auguste Morisot accueille les visiteurs à l'entrée de l'exposition. Les cinq portraits exposés préfigurent déjà les recherches que certains de ses disciples développeront plus tard, grâce aux éléments évoquant l'art nouveau et le symbolisme.

Plus loin, un couloir entièrement consacré aux 29 dessins inédits de son élève Pierre Combet-Descombes conquiert par son romantisme noir se mêlant à une angoisse personnelle et radicale, où s'entrelacent Redon, Moreau et Les Désastres de la guerre de Goya.

Les nus d'Étienne Morillon, parfaite rencontre entre Cézanne et le précubisme de Braque, juxtaposent les figures silencieuses et énigmatiques d'Adrien Bas et Louis Bouquet et les natures mortes métaphysiques et cubo-futuristes d'Antonin Ponchon et Émile Didier.

Louis Bouquet, Marie-Madeleine au chapeau, vers 1922, huile sur toile, 42 x 36 cm, Collection particulière

 

Le modernisme et les femmes

S'il est possible admirer la remarquable Fuite des populations de Eugène Brouillard, où dans le silence tragique de la scène, le geste fauviste trouble un paysage en surface idyllique, plusieurs femmes ponctuent l'exposition montrant leur apport essentiel au modernisme. Dans les salles l'on rencontre l'élégant postimpressionnisme de Georgette Agutte, la solide monumentalité des figures d'Henriette Morel et le fauvisme mesuré et tachiste d'Émilie Charmy.

Henriette Morel, Sans titre, huile sur toile, 54 x65cm, Collection particulière

 

La Modernité à Lyon : 1900 – 1925
À la Tomaselli Collection, Lyon 9e, jusqu'au 7 septembre


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