SHAWN RYAN (Columbia Tri Star Vidéo)
C'est désormais implacable : passer à côté de la nouvelle génération des séries télé américaines, cela veut dire être condamné à moyen terme à ne rien paner au devenir futur des images. Renouveau évident : nouvelles gueules, nouvelles manières de raconter, nouvelles temporalités, nouveaux espaces... Dans The Shield, récit cru et désespéré autour de l'affrontement entre une poignée de flics à LA dont les méthodes s'opposent, les repères du spectateur sont bousculés d'épisodes en épisodes. Vic Mackey, flic brutal, pour qui tous les moyens sont bons pour ramener l'ordre dans son quartier (extraordinaire Michael Chiklis), trouve son double inversé en Aceveda, chef intègre mais qui brandit cette honnêteté comme tremplin politique. Le génie de Shawn Ryan, c'est de court-circuiter sans cesse ce combat par des déchirures dans leurs vies privées, et de l'avoir placé dans une peinture hyper-réaliste du Los Angeles des bas-fonds. Immergé dans un monde livré à la violence, pleins de crimes passionnels miteux où plus rien ne semble avoir de valeur (famille, amour, amitié : tout est pourri), le spectateur pense immédiatement aux polars de James Ellroy, avec qui Ryan partage une même idée : l'héroïsme ne se mesure plus à sa capacité à défendre le "bien", mais à préserver son "éthique" dans un univers qui cherche à lui faire la peau à chaque seconde.CC
