Vigoureux Viggo

Portrait / "Les Promesses de l'ombre", deuxième chapitre d'une collaboration fructueuse entre Cronenberg et le génial Viggo Mortensen. CC

Pour beaucoup, il n'a de passé que celui du Roi Aragorn dans Le Seigneur des anneaux, la trilogie de Peter Jackson. Pourtant, Viggo Mortensen a vingt ans de carrière au cinéma derrière lui ; première apparition aux côtés d'Harrison Ford dans le film de Peter Weir Witness. Figure marquante dans le premier film de Sean Penn, Indian Runner, en frère alcoolique, violent et probablement cinglé d'un flic ordinaire quelque part dans un Nebraska "à la Springsteen". Grosse sensation aussi dans L'Enfant miroir de Philip Ridley, où il incarnait un père soupçonné de pédophilie qui se suicidait en s'immolant par le feu. Des rôles forts, physiques, qui pourtant tardent à trouver un écho chez des cinéastes importants ou dans des œuvres susceptibles de fédérer les spectateurs.L'arrivée du RoiC'est donc Jackson qui l'impose, comme une partie du casting, pour l'autre rôle central du Seigneur des Anneaux. À l'écran, Mortensen-Aragorn fait figure d'évidence, au point que l'on ait pu craindre qu'il se retrouve figé dans ce personnage mythique, comme avant lui Mark Hamill-Luke Skywalker. Son choix a été le bon : non pas se précipiter sur un projet d'ampleur pharaonique (en fait si, puisqu'il a joué le conquistador crépusculaire du toujours inédit Alatriste, le film le plus cher du cinéma espagnol), mais attendre de croiser le désir d'un grand cinéaste capable de tirer le meilleur de ses comédiens.Double désirCronenberg est de ceux-là. Serge Grunberg le soulignait dans son bouquin consacré au cinéaste : il a offert à quelques grands acteurs leur plus grand rôle (James Woods dans Videodrome, Christopher Walken dans Dead Zone, Jeremy Irons dans Faux Semblants...). Avec Mortensen, la fusion est telle qu'ils semblent ne plus pouvoir se quitter : du gentil papa métamorphosé en tueur sanguinaire au gangster russe flegmatique manifestant à intervalles réguliers une troublante compassion, il tire de l'acteur un mélange de virilité et de féminité. Chez Cronenberg, Mortensen colle les hommes de près et fait fondre les femmes de désir, corps raide et séduisant que le récit malmène jusqu'à le faire plier.

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