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Planches et pellicules

Analyse / Fassbinder et le théâtre, avant, pendant et après Les Larmes amères de Petra Von Kant. Christophe Chabert

AvantContrairement aux idées reçues, Fassbinder commence bien sa carrière au cinéma : c'est avec un court-métrage, Le Clochard, en 1965, qu'il fait ses premières armes artistiques. Pourtant, en 1967, c'est en intégrant l'Action Theater, une troupe de théâtre d'avant-garde, puis en fondant sa propre compagnie, l'Anti-theater, qu'il se forge une réputation. De 1968 à 1971, il écrit une dizaine de pièces, monte des classiques et surtout soude sa famille d'acteurs et d'actrices, qui l'accompagneront ensuite dans son aventure cinématographique. La carrière théâtrale de Fassbinder s'arrêtera après que L'Ordure, la ville et la mort a été taxé d'antisémite en 1976.PendantLes premiers films de Fassbinder sont d'abord des adaptations à l'écran des pièces écrites à la fin des années 60. Ce choix n'est pas seulement une solution de facilité : le huis clos théâtral n'est pas une contrainte pour Fassbinder, c'est déjà un sujet. Certes, Pionniers à Ingolstadt et Preparadise sorry now sont des pièces éclatées, multipliant les personnages et les temporalités. Mais c'est bien quand il s'enferme dans un lieu unique que le théâtre de Fassbinder est paradoxalement déjà du cinéma. Les Larmes amères de Petra von Kant le démontre de manière éclatante, et François Ozon s'en souviendra quand il adaptera le premier texte de Fassbinder, Gouttes d'eau sur pierres brûlantes, qui est une version masculine de Petra Von Kant. Dans l'espace asphyxiant des appartements, les rapports humains s'exacerbent et révèlent leur véritable nature : des jeux de domination où s'exerce la loi du plus fort.AprèsPar la suite, le cinéma de Fassbinder va se détacher de ses origines théâtrales, même si on en trouve encore des réminiscences, notamment dans le superbe L'Année des 13 lunes. C'est que Fassbinder prend goût dans les possibilités du cinéma : portraits psychologiques détraqués (Despair, Martha), plaisir de la fresque historique ample (Le Mariage de Maria Braun, Lola une femme allemande) et enfin, pour ses deux derniers films, magnifiques, une envie de travailler la matière même de l'image (Le Secret de Veronika Voss et Querelle).

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