Gran Latino

Les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain à Villeurbanne fêtent leurs vingt-cinq ans ; de retour au seul Zola, mais avec des incursions lyonnaises au Comœdia, le programme déroule une belle série d’avant-premières, d’inédits et de séances de rattrapage. Christophe Chabert

Pour fêter leurs vingt-cinq ans, les Reflets du cinéma ibérique et latino-américains ont curieusement choisi la formule «less is more». Plutôt que de fêter ce quart de siècle (cap symbolique !) en mettant les bouchées doubles, ils reprennent l’aller simple vers le Zola. Adieu le Centre Culturel de la Vie Associative donc, ce qui ne nous manquera pas vu l’inadéquation du lieu à la projection de films ! En revanche, notable nouveauté, le festival villeurbannais tente une percée lyonnaise en délocalisant certaines projections au Comœdia. Et pas n’importe lesquelles, puisque c’est là-bas que l’on pourra découvrir en avant-première le nouveau film de Lucrecia Martel, La Femme sans tête, qui attendait patiemment depuis sa présentation mitigée au dernier festival de Cannes que son distributeur l’envoie sur les écrans français. Cannes, qui avait montré le dynamisme des cinématographies argentines, mexicaines et brésiliennes, est d’ailleurs une des sources principales de cette vingt-cinquième édition : rayon déjà sortis, on retrouve le problématique Los Bastardos d’Amat Escalante, cinéaste petit malin qui provoque son spectateur avant de lui faire un bras d’honneur et de se tirer en courant, et le discutable Tony Manero de Pablo Larrain, avec son trouble sosie chilien de John Travolta en pleine folie névrotique sous la dictature Pinochet. Inratable en revanche, car trop peu vu lors de sa sortie en novembre, Leonera de l’Argentin Pablo Trapero (et, en tant qu’actrice, co-scénariste et co-productrice, Martina Gusman) propose une fable réaliste sur les prisons de femme avec enfants, transformant une héroïne à la culpabilité incertaine en animal affectueux déterminé à protéger sa progéniture. C’est beau, entêtant, et magnifiquement incarné.Le Brésil a droit de cité
Restons en Argentine pour le nouveau film de Pablo Fendrik, La Sangre Brota. Repéré avec son précédent L’Assaillant, Fendrik retrouve son goût pour les récits cerclés temporellement, soulignant ainsi l’enfermement de ses personnages (ici, une famille et deux milles dollars à réunir en quelques heures). Venu du Brésil, on ne s’arrêtera pas sur La Cité des hommes, suite ciné pas franchement à la hauteur de la série du même nom, elle-même inspirée du génial La Cité de Dieu. Et encore moins sur l’odieux Tropa de Elite, réponse putride au film de Meirelles, qui camoufle derrière une simili-mise en scène branchée et une voix-off «authentique» un tract de propagande pour la brutalité policière. En revanche, on prêtera attention au nouveau film des producteurs de La Cité de Dieu, Walter Salles et Daniela Thomas, Une famille brésilienne. Le film avait remporté le prix d’interprétation féminine à Cannes, et il sera présenté quelques semaines avant sa sortie française aux Reflets. Autre événement du festival, la venue de Jaime Rosales, en pleine crise de radicalité après son assez subjuguant La Soledad : Un tir dans la tête raconte, sans dialogue et au télé-objectif, la confrontation entre des terroristes de l’ETA et des flics espagnols.Désert intérieur
Il y a deux ans, les Reflets avaient fait un beau coup en proposant juste avant sa sortie en salles La Zona, premier film d’un jeune cinéaste mexicain : Rodrigo Plá. Une révélation vite relayée par l’enthousiasme des spectateurs face à cette œuvre d’anticipation écrite au futur très proche, démontrant une maîtrise stylistique et thématique assez impressionnante. Depuis, Plá a réalisé une sorte de deuxième premier film (il l’avait tourné avant La Zona, mais terminé ensuite), Desierto Adentro : où un père se met en tête de construire une église pour expier ses fautes et préserver ses enfants de la vengeance divine. Si le cinéaste démontre la même force pour aborder la question du fanatisme religieux que celui de la sécurité à outrance, Desierto adentro pourrait être le choc de ces vingt-cinquièmes Reflets !

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