«Le storytelling est étanche face au business»

Après Mission impossible III et Star Trek, J. J. Abrams s’essaie à un film personnel et original avec Super-8. Au cours d’une conférence de presse passionnante, il est revenu sur la naissance du projet et sur son admiration pour Steven Spielberg. Extraits.

Genèse

«La première chose à laquelle j’ai pensé, c’est cette époque où, enfant, j’essayais de faire des films. Le titre, Super 8, et l’idée d’enfants qui font des films m’ont donné envie de proposer le sujet à Steven Spielberg, pour qu’il le produise et qu’il suive le processus d’élaboration. Ensuite, l’idée d’un enfant qui a perdu un parent proche, l’histoire d’amour, la comédie et l’envie de faire une série B avec un monstre m’ont intéressés. C’est la combinaison de tous ces éléments qui m’ont vraiment convaincus. Quant au fait de faire un film «Amblin», cela m’a libéré. C’est à la fois un hommage aux films que j’ai aimés enfant, et un film comme je n’en ai pas vu souvent sur un écran.»

Époque

«Pour moi, 1979, c’est la fin de l’ère analogique. C’est l’arrivée du magnétoscope, de l’ordinateur. C’est la fin du «film» et le début d’une technologie que j’adore, mais qui a tué la pureté des origines. Dans le film, 1979 est aussi une référence à l’accident de "Three miles island". Quand nous avons commencé le montage, l’incident japonais de mars 2011 l’a remis en lumière. Il nous a paru important de la conserver, même si au départ, c’était surtout une référence à mon père qui travaillait à l’époque pas très loin de la centrale de Three miles island.» 

Steven Spielberg

«Spielberg est un des héros de mon enfance, et il l’est encore aujourd’hui. J’ai beaucoup appris de lui bien avant de le rencontrer. C’est un privilège d’avoir pu travailler avec lui. En fait, il est comme ses films : il voit dans le monde une infinité de possibles, c’est un optimiste. Il y a un schisme évident dans l’histoire d’Hollywood après Les Dents de la mer, qui est le premier blockbuster. Certains de mes films préférés ont été tournés dans les années 70, et il est clair que les années 80 ne sont pas aussi riches que cette période. Hollywood est une machine si réactive que quand quelque chose marche, tout le système cherche à s’y engouffrer. Mais le storytelling, le cœur que l’on met dans une histoire est étanche face au business. Faire quelque chose qui a de la valeur et qui véhicule de l’émotion est le but d’un cinéaste, mais il doit toucher le public. Spielberg est arrivé à faire les deux : des films émouvants, visuellement époustouflants et qui parlent au grand public. Il n’y aura pas de nouveau Steven Spielberg, c’est une évidence. Mais on ne peut pas le tenir responsable de ce schisme, car il y a eu simplement un public qui a voulu voir ses films. L’essentiel, c’est de raconter des histoires, sans se demander ce que le public veut voir».

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