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Crazy, stupid, love

Les deux réalisateurs d’I love you Philip Morris s’essayent à la comédie romantique chorale mais ne confectionnent qu’une mécanique théâtrale boulevardière et ennuyeuse, dont seul s’extirpe le couple formé (trop tardivement) par Ryan Gossling et Emma Stone. Christophe Chabert

Emily (Julianne Moore) demande en plein dîner le divorce à son mari Cal (Steve Carell). Dévasté, il ne voit pas que la toute jeune baby-sitter de ses enfants n’a d’yeux que pour lui, et préfère s’en remettre à Jacob (Ryan Gossling), playboy aux mille conquêtes croisé dans un bar, qui va lui donner des cours de séduction et faire de lui un vrai tombeur. D’abord tenté par l’envie de rendre jalouse son ex, Cal finit par prendre goût à cette nouvelle vie, renonçant à l’amour éternel pour les plaisirs d’un soir. Après I love you Philip Morris, John Requa et Glenn Ficarra s’inscrivent dans un genre américain par excellence, la comédie du remariage, dont les rebondissements forment l’échine de Crazy, stupid, love. Ils tentent cependant d’en renouveler le principe en la mariant avec une comédie de mœurs entre Robert Altman (en moins cruel) et James L. Brooks (en moins arthritique), créant autour de l’intrigue principale des micro-intrigues qui se croisent furtivement avant d’entrer en collision dans le dernier acte.

Le monde est Stone

Ce finale dit d’ailleurs la vérité sur le film tout entier : il est sans arrêt écrasé par sa mécanique scénaristique, une théâtralité exacerbée par le jeu des deux comédiens principaux. Carell semble constamment réprimer ses grimaces, tandis que Moore se force à jouer comédie ; aucun terrain d’entente ne naît à l’écran de ce compromis, ni complicité, ni tension. C’est finalement dans un creux du film que l’on trouve sa meilleure part. Amorcée dès les premières scènes, la rencontre entre Jacob et Hannah (l’incroyable Emma Stone) mettra beaucoup de temps à se concrétiser vraiment, malgré son caractère inéluctable. Pas de suspens là-derrière, mais la promesse d’une alchimie qui va soudain montrer ce que Crazy, stupid, love aurait pu être : une déclaration d’amour aux comédiens. Car entre Gossling, qui effectue la synthèse parfaite entre sa prestation iconique dans Drive et son charme romantique de Blue valentine, et Stone, dont le naturel et la spontanéité irradient littéralement le cadre, il se passe un petit miracle de cinéma, quelques scènes soudain justes, drôles et émouvantes, défiant la logique de boulevard instaurée par Requa et Ficarra pour atteindre la vérité des sentiments. Moments suspendus d’un film qui manque beaucoup de finesse et de grâce. 

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