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Les Crimes de Snowtown

Sorte de pendant crapoteux d’"Animal Kingdom", le premier film de Justin Kurzel revient sur une série de meurtres ayant traumatisé l’Australie des années 90, et enfonce douloureusement le clou de son contexte social hardcore. François Cau

Bienvenue dans la banlieue d’Adelaide, ses taudis à peine vivables, son climat tout en nuances de gris, ses parents absents, ses voisins pédophiles, sa violence toujours prête à exploser… Dans ce no man’s land peuplé de laissés-pour-compte aigris, l’arrivée de John, figure paternelle brutale mais rassurante, va dans un premier temps réconforter Jamie, un ado mutique jusque-là condamné à subir les abus répétés de son entourage. Mais au fil de leçons de morale de plus en plus radicales, John révèle rapidement sa nature d’odieux sociopathe. Hasard des calendriers de tournage et de distribution, Animal Kingdom et le film de Justin Kurzel, à quelques mois d’écart, revisitent l’histoire criminelle australienne récente en adoptant le même point de vue, celui d’un jeune adulte pas tout à fait sorti de l’enfance, surface émotionnellement plane sur laquelle se reflète des exactions de plus en plus inconfortables. Mais là où le film de David Michôd instaurait de ce fait une balise d’identification au spectateur avant de la détourner, la démarche de Kurzel est toute autre, et sert un dessein cinématographique totalement différent.  

Quelque chose de pourri…

Dès les premières séquences, on vivote dans un naturalisme social putride, dans un désœuvrement où les rares réunions de voisinage ne servent qu’à ressasser les frustrations ambiantes. Images poisseuses, cadres étalant la souillure, scènes choc nauséeuses… Les Crimes de Snowtown est une plongée dans un quotidien sordide, à la merci du sens tortueux de la justice de John et de ses attitudes ambiguës. Partant, Justin Kurzel est toujours sur le fil de la complaisance pour appuyer son portrait d’une classe sociale désespérée et prompte à se laisser manipuler. Heureusement, il ne se contente pas de laisser tourner la caméra à chaque nouvel étalage de déviance, et ses partis pris de mise en scène, notamment lors de ses impressionnantes scènes de transition suspendues, donnent du sens à ce qui n’aurait pu être qu’un objet filmique provocateur et roublard de plus. Le malaise qu’il suscite tient de la cohérence entre la caractérisation des personnages et leur ancrage dans une réalité aliénante. Les Crimes de Snowtown, film peu aimable et éprouvant, vous happe dans son gouffre pour mieux vous hanter.   

Les Crimes de Snowtown, de Justin Kurzel (Australie, 2h) avec Lucas Pittaway, Daniel Henshall… Sortie le 28 décembre.

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