Bains de jouvence

Comme beaucoup de cinéastes de l’Est, Jerzy Skolimowski a été un cinéaste errant. Chassé de Pologne par les instances communistes, il a continué sa carrière partout où l’on voulait bien de lui ; c’est toutefois en Angleterre qu’il réalise ses meilleurs films, et notamment l’extraordinaire Deep end (1971). Skolimowski y coule son style, sous l’influence des nouvelles vagues mondiales, dans le moule du swinging London, l’explosion de couleurs pop percutant particulièrement son œil de peintre. Deep end, en cela, est un manifeste d’une intense liberté de forme et de ton, au diapason de l’énergie juvénile et sexuelle de son héros, Mike, 15 ans, puceau, embauché aux bains publics londoniens où il a pour collègue la sublime Susan, dix ans de plus que lui, fiancée, maîtresse d’un père de famille prof de sport. Skolimowski raconte leur «je t’aime, moi non plus» en dosant parfaitement une chronique des mœurs anglaises de l’époque et les tribulations burlesques et émouvantes de ce jeune garçon maladroit, introverti mais obstiné, face à cette beauté ravageuse qui ne semble avoir aucun état d’âme et encore moins d’entrave physique. Sous son impulsion, tout va céder, la morale bourgeoise, le puritanisme, les entraves sociales. Quant à la dernière scène, ultime et paradoxal moment de libération où le sexe et la mort se rejoignent dans un ultime jet de rouge sang, elle est tout bonnement inoubliable.
Christophe Chabert

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