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La politique de l'Autriche

Il est sûr que si Régis Jauffret était tombé sur une projection de Schizophrenia, il aurait immédiatement versé le film dans le dossier à charge qu’il mène contre ce pays. Pensez donc ! Un type bizarre sort de prison pour avoir tué une vieille dame et, à peine le nez dehors, il s’introduit dans une maison bourgeoise et s’emploie à massacrer froidement ses habitants, dont un adolescent attardé mental. Bien avant Michael Haneke, en 1983, Gerald Kargl s’intéressait aux pulsions homicides de ses compatriotes ; mais à la différence du moraliste barbu, lui inventait une forme cinématographique qui n’avait rien de distancié. Au contraire, Schizophrenia (titre français stupide qui remplace le Angst — "La Peur" — original) fait tout pour nous faire pénétrer dans le cerveau détraqué de son personnage principal. Pour cela, Kargl s’est associé avec un opérateur de génie, Zbigniew Rybczynski, par ailleurs coscénariste du film ; celui-ci a inventé un système de travellings extrêmement audacieux où la caméra est attachée au comédien Erwin Leder et tournée face à lui, accompagnant ainsi les faits et gestes du tueur dans des plans-séquences soufflants. Très dur, à la limite du soutenable par moments (le film fut interdit en France à sa sortie, chose rarissime alors que la censure s’assouplissait sous l’impulsion de Jack Lang), Schizophrenia est aussi curieusement… drôle. La scène au début où le tueur dévore en gros plan une saucisse tout en reluquant des filles dans un café, l’intervention d’un copain chien résolument indifférent à la violence des événements, tout cela contribue à glisser une discrète ironie au milieu du carnage. Le film a au moins marqué un esprit : celui de Gaspar Noé qui, de l’intro de Seul contre tous aux vues subjectives d’Enter the void, n’en finit plus de payer son tribut à cette œuvre unique et inclassable.
Christophe Chabert

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