Ils reviennent, et on est très contents…

C’est désormais un fait établi : au milieu de l’avalanche prométhéenne des sorties estivales, les classiques font de la résistance, en salles comme en plein air, avec toujours de belles redécouvertes. Christophe Chabert

Demy par-ci, Demy par-là. L’incroyable canonisation cinéphile actuelle autour de Jacques Demy devrait finir d’achever les allergiques à son œuvre en-chantée. À ceux-ci qui à l’annonce de son nom sont déjà en train de développer une réaction cutanée, on ne peut que conseiller la vision de La Baie des Anges (à partir du 21 août au Comœdia). C’est son deuxième film, il l’a tourné dans une ville, Nice, qui cinématographiquement ressemble d’ordinaire à un champ de navets, et on n’y pousse à aucun moment la chansonnette. C’est un chef-d’œuvre, qui rappelle que Demy n’était pas affilié à la rive gauche de la Nouvelle Vague pour rien, autrement dit qu’il avait la passion des formes et des genres, que ce soit dans l’écrin sophistiqué de ces films musicaux ou, comme ici, dans un mélodrame à la mise en scène aussi flamboyante que du Douglas Sirk.

Pendant longtemps, le nom de David Lean était associé à "grand spectacle académique en costumes". Les rétrospectives récentes qui lui ont été consacrées ont permis de faire voler en éclats ce préjugé pour montrer à quel point Lean est avant tout un narrateur virtuose dont les récits ont une ambition romanesque sans égale. Un film manquait toutefois à l’appel de ces hommages : La Fille de Ryan. Énorme échec à sa sortie, longtemps invisible de ce fait mais aussi parce qu’il avait été tourné en 70 mm, donc impossible à projeter dans son format initial, ce film génial et fait pour le grand écran va enfin en retrouver le chemin le 14 août (au Comœdia toujours).

Jour (et nuits) de fête

Autre cinéaste à avoir fait l’effet d’un revival soutenu ces dernières années — thanks Jérôme Deschamps — Jacques Tati. Son premier film, Jour de fête, tribulations burlesques d’un facteur zinzin qui décide d’appliquer des méthodes américaines pour délivrer le courrier dans une bourgade bien française, avait ressurgi sur les écrans il y a quinze ans dans une version en couleurs conforme au procédé utilisé par Tati. Mystérieusement, c’est pourtant la version en noir et blanc qui a été restaurée et qui sera présentée au Comœdia à partir du 24 juillet.

Allons maintenant prendre l’air du côté de la Place Ambroise Courtois où l’Institut Lumière organise chaque mardi son Été en cinémascope à la tombée de la nuit. On conseillera tout particulièrement deux séances : le 20 août avec Parfum de femme de Dino Risi, ou quand la comédie italienne entre dans son crépuscule et finit par être plus amère que drôle ; et le 27 août, Le Clan des irréductibles, rareté où Paul Newman est à la fois devant et derrière la caméra de ce western politique contemporain. Et un bon Paul Newman, ça ne se refuse jamais !

 

Christophe Chabert

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