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Rêves d'or

Rêves d'or
De Diego Quemada-Diez (Mex, 1h42) avec Karen Martínez, Rodolfo Dominguez

Des adolescents quittent le Guatemala et tentent de gagner l’Amérique en passant par le Mexique ; un beau premier film de Diego Quemada-Díez, qui mêle violence de la réalité et émerveillement de l’enfance. Christophe Chabert

Le titre français est trompeur : les «rêves d’or» remplacent une «cage dorée» originale qui donnait la véritable couleur de ce premier film, un mélange de ténèbres et de lumière, d’espoir et de lucidité. L’espoir, c’est celui de trois adolescents, deux garçons et une fille qui veut faire oublier qu’elle en est une ; ils quittent le Guatemala direction Los Angeles, avec au milieu le Mexique à traverser du sud au nord. Ils sont vite rejoints par un quatrième gamin d’origine indienne, qui ne parle pas leur langue et qui suscite des réactions diverses chez ses nouveaux compagnons, de l’affection au rejet. La lucidité, c’est celle d’un récit dont la progression est surtout affaire de soustraction, puisque chaque épreuve traversée aura raison des rêves des protagonistes, sinon des protagonistes eux-mêmes.

The Immigrants

Diego Quemada-Díez réussit lui aussi à entremêler des sentiments contradictoires : Juan, le leader du groupe, paraît intrépide, mais n’arrive pas à prendre le premier train en marche, accusant avec une certaine mauvaise foi les autres de ne pas avoir eu assez de courage. Sara, elle, semble attirée par le jeune Indien, mais c’est finalement avec Juan qu’elle passera une nuit, provoquant la déception de son nouvel ami. C’est la part d’enfance du film, son côté solaire, celle où le quotidien, la camaraderie et le désir prennent le pas sur le danger qui guète. Ce genre de stase se retrouve dans une mise en scène qui, sans chercher à rendre cinégénique la misère, sait provoquer de la sidération en filmant des dizaines de migrants agglutinés sur des wagons ou une fête libératoire après de longs jours de corvée.

Quemada-Díez montre ainsi l’innocence se fracasser contre la violence de la réalité : corruption des forces de police, gangs mexicains à la recherche de proies pour leur business de prostitution et, enfin, cette frontière ultra surveillée qui sépare les États-Unis de leur voisin du sud. Au bout du voyage, toutefois, il y a encore pire : la simple horreur quotidienne du travail mécanique qui attend les immigrés, et que Quemada-Díez ne peut qu’adoucir par quelques flocons de neige, idéal devenu souvenir d’une enfance brisée.

Rêves d’or
De Diego Quemada-Díez (Mex-Esp, 1h48) avec Karen Martínez, Rodolfo Dominguez…

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