article publi-rédactionnels
Campion / Ciment : elle Jane, lui Michel
Par Christophe Chabert
Publié Mardi 16 septembre 2014 - 2060 lectures
Sweetie
De Jane Campion (1989, Austr, 1h37)
En mai dernier, alors que Jane Campion était présidente du jury au festival de Cannes — où elle reste la seule réalisatrice à avoir reçu une Palme d’or — Michel Ciment, rédacteur en chef de Positif, faisait paraître un recueil d’entretiens avec la cinéaste, Jane Campion par Jane Campion, aux éditions Cahier du cinéma — ce qui ne manque pas de piquant quand on connaît les coups de griffe de Ciment envers la revue ! Pour illustrer ces conversations fouillées, passionnées et passionnantes, Michel Ciment présentera ce week-end à l’Institut Lumière cinq films de Campion, en plus de signer son ouvrage et de donner une conférence sur son œuvre.
Ne partageant pas totalement son engouement inconditionnel, on ne peut que conseiller de se concentrer sur les trois premiers films de Campion. À l’époque, celle-ci invente un cinéma au féminin où les névroses, sentiments et sensations de ses héroïnes composent le point névralgique de ses mises en scène, créant une confrontation envers un monde encore en proie à la domination masculine et à une grille de rationalité normative. Sweetie montre deux sœurs, l’une angoissée et malheureuse en amour, l’autre excentrique et libérée, dont les retrouvailles font voler en éclat la notion même de famille ; dans le sublime Un ange à ma table, bio filmée de l’écrivain Janet Frame, c’est la littérature qui permet au personnage de revenir au monde, alors qu’elle a été internée abusivement dans un asile psychiatrique ; enfin, dans son classique, La Leçon de Piano, une sourde-muette écossaise mariée de force à un Néo-zélandais ombrageux entame une liaison adultère, charnelle et fusionnelle, avec un Maori.
Le succès de ce dernier poussera Campion à devenir la cinéaste des portraits de femme romantiques, adaptant Henry James dans Portrait de femme (avec Nicole Kidman) puis relatant la relation entre le poète Keats et Fanny Brawne dans Bright Star. Deux films qui ont leurs défenseurs ardents, mais qui donnent le sentiment d’un cinéma devenu académique à force de chercher à tous les étages le romantisme, quitte à tomber dans les clichés et les chromos.
Christophe Chabert
Week-end Jane Campion par Michel Ciment
À l’institut Lumière, les 19 et 20 septembre
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