Lee Unkrich & Darla K. Anderson : « montrer Frida Kahlo dans la mort, c'est de la pure imagination »

Coco
De Lee Unkrich (ÉU, 1h40) avec Andrea Santamaria, Ary Abittan

Coco / Pilier de Pixar, le réalisateur de Monstres & Cie, du Monde de Nemo ou de Toy Story 2 & 3, Lee Unkrich est à nouveau à la manœuvre pour Coco, qu’il évoque avec sa productrice Darla K. Anderson.

Quel est le point de départ de Coco ?
Lee Unkrich :
L’inspiration est tout simplement venue du Mexique, dont j’appréciais depuis toujours le Día de muertos — le Jour des morts. Quand j’ai commencé à écrire sur ce sujet, je me suis rendu compte qu’il n’y avait aucune histoire sur cette fête, c’était une idée assez unique. Au fur et à mesure de mes recherches, j’ai découvert combien l’idée du souvenir de sa famille y était important. Il y avait là le potentiel pour une histoire universelle, drôle, dramatique, visuellement très belle et avec un vrai cœur. Ça m’a touché.

Avez-vous conçu le Pays des morts comme un miroir à celui des vivants, puisqu’on y boit, mange, dort ?
LU
: Non, on n’a pas pensé à cette notion de miroir, mais on a fait beaucoup de recherches pour la préparation, ce qui nous a aidés pour concevoir Santa-Cecilia, la ville du monde des vivants où vit Miguel. Évidemment, on ne pouvait pas faire de recherches pour le monde des ancêtres, alors on a fait appel à l’imagination. On aurait pu faire n’importe quoi, mais on voulait vraiment que ça “respire” mexicain, que ce soit plein de vie comme dans la vie réelle et que cela apparaisse comme familier non seulement à Miguel, mais également au public afin qu’il partage pleinement ses émotions.

Il y a d’ailleurs un côté parc d’attractions…
LU :
(rires) En quelque sorte. Ce devait être un endroit sympathique, drôle, plein de couleurs, de musiques, de vie… Día de muertos est une célébration : on ne vient du monde des ancêtres qu’une fois par an pour voir sa famille : tout le monde doit être heureux comme un gamin, tout excité.

Pourquoi Coco n’est-il pas sorti au moment de la Toussaint ?
Darla K. Anderson :
Il a bénéficié d’une sortie anticipée au Mexique, au moment de Día de muertos le 1er novembre ; aux États-Unis, il y aurait eu de la confusion avec Halloween le 31 octobre. Pour nous, c’est avant tout un film qui parle de la famille, du fait d’être ensemble, qui sont représentés par des fêtes comme Thanksgiving aux États-Unis et surtout Noël partout dans le monde. C’était donc une évidence pour nous de le faire coïncider avec ces dates-là.

Qu’est-ce qui a changé le plus dans votre façon de travailler depuis vos premiers films ?
LU : J’ai davantage confiance en moi qu’au début. Maintenant, lorsque je commence un film, quoiqu’il arrive, je sais qu’il sera fini — alors que ce n’était pas le cas auparavant. Je panique beaucoup moins, j’ai plus de recul. À part ça, c’est toujours aussi difficile de trouver et de raconter une bonne histoire. Quant à la technologie, elle est tellement avancée que l’on peut maintenant faire ce que l’on veut et c’est génial ; quoi qu’on imagine, on peut tout mettre à l’écran.

Tout est-il vraiment possible ?
LU
: Oui. Bien sûr, certaines choses n’ont pas encore été faites, mais c’est parce qu’on ne veut pas les faire chez Pixar — comme des être humains qui ressemblent à des êtres humains. La vraie question, c’est : comment les faire de manière efficace en restant dans le budget.

Coco fait “jouer” Frida Kahlo morte. Avez-vous dû demander une autorisation pour utiliser l’image de l’artiste défunte ?
DA
: Bien sûr, il fallait créer un partenariat avec la Fondation Frida Kahlo pour avoir l’autorisation de le faire.

LU : On a essayé de faire un vrai travail de partenariat avec tous les personnages authentiques représentés dans le film. La Fondation Frida Kahlo a ainsi demandé de petits ajustements subtils, notamment dans sa façon de jouer.

DA : Et l’on a eu du mal à trouver des enregistrements de sa voix — ça n’existe pas. On ne savait pas comment refaire sa voix.

LU : On se sentait une certaine liberté, en fin de compte : montrer Frida Kahlo dans la mort, c’est de la pure imagination ; ça donne quelques degrés de liberté pour jouer avec le personnage.

Le titre Coco, qui fait référence à l’arrière grand-mère s’est-il imposé tout de suite ?
LU
: Ce n’était pas le titre initial… car il n’y en avait pas au départ. Quand on fait des films chez Pixar, on donne toujours un nom de code pendant la phase de travail. Pour celui-ci, c’était Coco et il est resté. C’était le cas également avec Toy Story — on est tous d’accord, c’est un nom un peu stupide, “histoire de jouets”, mais c’est ça qui est resté. Coco c’est pareil. On avait pourtant fait des listes avec des centaines de titres potentiels, mais on a choisi celui-ci parce qu’il était simple. J’aimais bien aussi le côté énigme. Avant de voir le film, on ne sait pas pourquoi il porte le nom de l’arrière grand-mère ; à la fin, on comprend qu’elle est au cœur de l’histoire.

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