article publi-rédactionnels
Mathilde Delahaye fait paysage aux SUBS
Article publi-rédactionnel
Publié Mardi 22 juin 2021
Photo : DR
Article publi-rédactionnel / Adepte de la forme de « théâtre-paysage », la metteuse en scène Mathilde Delahaye aime se nourrir des lieux dans lesquels elle propose ses spectacles. Sous la verrière des SUBS, elle crée cette fois-ci une installation autour de laquelle le public est invité à venir déambuler. Des acteurs professionnels et amateurs offrent une extension à la Tornade de papier froissé de Domitille Martin et Alexis Mérat suspendue depuis avril.
Vous travaillez depuis vos débuts, à la fin des années 2000, à la notion de « théâtre-paysage ». Qu’est-ce que cela recouvre ?
C’est un théâtre in-situ [NDLR, provisoirement installé dans un port de commerce, un ancien de stockage de la SNCF, une usine…]. La question du lieu traverse la compagnie que ce soit en salle ou en extérieur. Ici c’est pour moi un format complètement nouveau, atypique, hors cadre car le lieu des SUBS n’est pas un théâtre mais a vocation à accueillir du spectacle vivant. Les SUBS sont pratiquées par le public.
Comment vous emparez-vous de la Tornade pour faire ce spectacle, Impatience ?
Ce n’est pas un spectacle. Il me semble que ça va être une installation activée. Je souhaite proposer aux spectateurs quelque chose qui s’apparente à une expo, qu’on puisse rentrer et sortir quand on veut. L’idée est que pendant deux heures, le soir, pour des raisons de lumière et de crépuscule – on travaille toujours entre chien et loup - on puisse aller, venir, être sur des transats, assis, debout, allongé…
L’entrée thématique de la Tornade nous (le scénographe Hervé Cherblanc et moi) a d’abord accroché par sa dimension picturale. La Tornade est un phénomène climatique très incisif, très violent, très vertical, très court et les dégâts causés, la façon dont les matériaux (toitures, voitures, bateaux…) sont tordus après le passage d’une tornade m’évoque le peintre Giuseppe Penone ou l’art pauvre.
Puis quand j’ai découvert l’objet de la Tornade, je l’ai trouvé passionnant mais il n’inspire pas de danger. C’est une forme douce, comme une volute.
Donc ici on va faire un peu l’inverse de ce que l’on fait habituellement un théâtre-paysage : créer un paysage artificiel dans ce lieu. Et se dire cette phrase de Mallarmé qui apparaitra dans l’expo-installation : « rien n’aura eu lieu que le lieu ». Il s’agit d’une exploration un peu anthropologique sur l’époque qu’on est en train de traverser et nos liens à nos paysages.
Que va-t-on voir au centre de la Verrière des SUBS ?
On crée un paysage artificiel à l’échelle du lieu et de la Tornade. Ce sera circonscrit un peu comme un vivarium. On a fait des recherches sur l’histoire picturale du paysage, chez Poussin, Le Lorrain… une série de peintres paysagers nous ont inspiré pour la récurrence des structures. Mais au lieu de mettre une colline bucolique, on met un bunker anti-tornade ! Ce paysage sera activé par des machines et des humains : trois acteurs professionnels et dix amateurs recrutés à Lyon. La présence de gens qui ne sont pas des acteurs me permet de déployer des types de poétiques variées. Ici il s’agit d’un petit échantillon d’humanité et on se raconte, sans que ce soit surligné, que nos sommes dans un espace post-castastrophé où la vie humaine a été bousculée et où on invente des formes de vie en petite communauté. On va imaginer qu’il y a un monde souterrain complexe et riche, en faisant marcher l’imaginaire d’un monde d’en-dessous d’où viendraient les personnages. Au-dessus, il y a un temps figé qui crée une impatience dans laquelle on est.
Il n’y a pas de texte me semble-t-il dans Impatience. Verra-t-on une sorte de film muet vivant ?
Ce n’est pas exclu qu’il ait du texte mais ce ne sera pas du dialogue théâtral issu de pièce existante. Ce sera plus de l’ordre de la performance. Ce seront des traversées de l’espace avec une petite trame narrative (si j’y arrive car le temps de travail est très court, une dizaine de jours). On pourra capter des actions, des passages de cette petite communauté qu’on vient voir dans une sorte de vivarium. Les personnages sont dans leur monde avec leur logique et leur survivance, un peu comme des lucioles en aquarium avec aussi le déploiement – et ça m’intéresse surtout en ce moment – d’un temps non performant. C’est pour cela que j’ai envie de laisser le spectateur libre d’entrer et sortir. On vient prendre ce qu’on veut : un morceau d’image, un moment de texte.
Y’aura-t-il malgré tout une trame narrative, un lien par exemple combatif ou fataliste entre vos personnages ?
Ces mots ont été galvaudés et j’essaye de les éviter comme le mot « résilience » qui est maintenant politiquement puant. Il s’agit plutôt de comment on peut inventer des résistances et réinventer des cabanes comme dirait Marielle Macé [NDLR essayiste et chercheuse en littérature, autrice de Nos cabanes, ed. Verdier, 2019] que j’aime beaucoup. Comment réinventer des cabanes dans un monde hostile et comment refaire communauté dans un monde de bric et de broc ? C’est cette fragilité-là qui m’intéresse.
Installation performative du 9 au 11 juillet à 21h.
Tarifs 16€ -13€
Une boisson offerte pour chaque billet
https://www.les-subs.com/evenement/mathilde-delahaye/
pour aller plus loin
vous serez sans doute intéressé par...
Mercredi 14 février 2024 "Heureux soient les fêlés" assure François Mallet, humoriste « bipolaire, gay et patineur artistique ». Un cocktail détonnant pour un spectacle surprenant, inattendu et, surtout, hilarant. À découvrir à l'Espace Gerson de Lyon.
Mardi 6 février 2024 Vous est-il déjà arrivé, quand vous lisiez un poème, de vouloir savoir quand, pourquoi, comment il avait été écrit ? Quelle était l’histoire qui se nichait derrière les figures de style ? Hollie McNish, avec Je souhaite seulement que tu fasses...
Mardi 6 février 2024 À deux pas de Bellecour et de la Saône, sur une placette, cet élégant café sert au déjeuner une cuisine de bistrot ; sans chichis.
Mercredi 24 janvier 2024 Une poésie des entrailles aussi politique qu’elle est protéiforme : avec son recueil Frénésies, Stéphanie Vovor explose les frontières du genre. À lire aux éditions du Castor Astral ou à écouter le 1ᵉʳ février à la librairie La Virevolte.
Mardi 23 janvier 2024 De tous les festivals de courts ayant lieu dans la métropole, Un poing c’est court à Vaulx-en-Velin a toujours eu un statut à part : c’est un festival engagé, (...)
Mardi 31 octobre 2023 Le festival Lumière vient de refermer ses lourds rideaux, les vacances de la Toussaint lui ont succédé… Mais ce n’est pas pour autant que les équipes de (...)
Mardi 31 octobre 2023 Si le tourisme en pays caladois tend à augmenter à l’approche du troisième jeudi de novembre, il ne faudrait pas réduire le secteur à sa culture du pampre : depuis bientôt trois décennies, Villefranche célèbre aussi en beauté le cinéma francophone....
Jeudi 19 octobre 2023 Hugo Frison succèdera à Gérard Lecointe à la direction du théâtre de la Renaissance en janvier 2024.
Mardi 17 octobre 2023 Nicolas Piccato a quitté à la rentrée ses fonctions de directeur de Lyon BD, à sa demande. Arrivé en 2021 en remplacement du fondateur Mathieu Diez, parti au (...)
Mardi 19 septembre 2023 Ou l’inverse. Dans un ex-vieux rade des pentes.
Mardi 19 septembre 2023 La saison à peine entamée – et entamée en pleine bourre le concernant – le Ninkasi ferme ses portes dès le 5 novembre, après une grosse fête de clôture. Suivront 20 mois de travaux pour un Ninkasi Gerland new look et une nouvelle salle à La Saulaie...
Mercredi 13 septembre 2023 Pour sa 5e édition, le festival de street-art Peinture fraîche quitte la halle Debourg pour investir sa voisine aux anciennes usines Fagor-Brandt. Du 11 octobre au 5 novembre, 75 artistes s'exposent sur 15 000m2.
Mardi 5 septembre 2023 C’est littéralement un boulevard qui s’offre au cinéma hexagonal en cette rentrée. Stimulé par un été idyllique dans les salles, renforcé par les très bons débuts de la Palme d’Or Anatomie d’une chute et sans doute favorisé par la grève affectant...
Mardi 5 septembre 2023 Les bonnes nouvelles de cette fin d’été sont dans le 7e arrondissement et tournées vers le sud : d’abord un coffee-shop et, pas loin, un néo-bistrot.
Mardi 29 août 2023 Et voilà quatre films qui sortent cette semaine parmi une quinzaine : N° 10, La Beauté du geste, Alam puis Banel & Adama.
Suivez le guide !
Jeudi 17 août 2023 [mise à jour mercredi 23 août 2023] Déjà interdit à Paris, Montpellier et Toulouse ces derniers jours, le spectacle de Dieudonné a été interdit à Lyon, amis s'est tenu dans un champs privé à Décines, et est interdit à Grenoble une semaine plus tard....
Lundi 12 juin 2023 Le musée à l’architecture déconstructiviste accueille, jusqu’au 18 février, "Afrique, mille vies d’objets". Ces 230 objets africains, principalement datés du XXe siècle, collectés par le couple d’amateurs et marchands d’arts Ewa et Yves Develon,...
Lundi 12 juin 2023 Parmi les jeunes maîtres du cinéma nippon, Kôji Fukada est en train de se tailler une place de plus en plus importante. Présenté à la dernière Mostra, Love Life est un film sur les liens invisible, l’incommunicabilité, la famille et la résilience....
Mercredi 19 avril 2023 Invité aux Rencontres du Sud pour présenter sa nouvelle comédie avec Charlotte Gainsbourg, "La Vie pour de vrai", Dany Boon évoque les lointaines inspirations qui l’ont aidé à modeler son personnage de candide. Comme son rapport inattendu à Agnès...
Mardi 28 mars 2023 Un nom douillet, une verve grivoise, crue, parfois joliment obscène : Doully — celle qui surnomme son public « ses p’tits culs » — passe deux fois en région ce mois-ci, nous voici ravis.
Mardi 28 mars 2023 Nouvelle expérience chorégraphique singulière avec l’enfant rebelle de la danse, Boris Charmatz, qui nous entraîne dans les plis de sa somnolence et de son inconscient.
Mardi 28 mars 2023 Très en vue depuis quelques années, accueillis déjà aux Subs, Alexander Vantournhout (né en 1989 en Belgique) a été formé à la fois en école de cirque et à l’école de (...)
Mercredi 18 janvier 2023 Parce que le comedy club ne semble pas se définir pas par ce qu’il est, mais plutôt par ce que l’on y fait, à Lyon, un bar tranquille du 6e peut se (...)
Mercredi 30 novembre 2022 Deux lieux atypiques accueillent des projections en ce début décembre. D’abord, la Maison de l’Écologie dans le 7e arrondissement ce jeudi 1er à 20h à (...)
Mercredi 30 novembre 2022 Le Festival du Film Court du Zola ayant servi de warm-up, on ne lâche pas l’affaire et l’on continue avec entrain avec la deuxième édition de Mutoscope, (...)
Jeudi 1 décembre 2022 Le titre un brin lapidaire de la livraison mensuelle du cycle Ciné Collection concocté par les salles du GRAC (“Femmes à la caméra“) ne doit pas susciter (...)
Mercredi 30 novembre 2022 L’un aurait fêté son centenaire, l’autre ses 130 printemps en 2022. Mais tous deux sont d’une étonnante contemporanéité et — curieusement — complémentaires. Ernst Lubitsch et Francesco Rosi finissent l’année à l’Institut Lumière.
Mardi 29 novembre 2022 A priori similaire à l’édition dernière (trente propositions), très essentiellement sur une zone de Presqu’île qui s’élargit peu à peu, la Fête des Lumières, du 8 au 11 décembre, fait néanmoins place à des artistes européens majeurs, jamais venus...
Lundi 10 octobre 2022 Le spectacle vivant est un des rares moment où l’on ne fait qu’une chose à la fois. Pour le public, du moins... Car Les Rois Vagabonds, eux, jonglent entre les disciplines durant plus d'une heure. Leur "Concerto pour deux clowns" est joué au Grand...
Jeudi 6 octobre 2022 Huit ans après "La French", le réalisateur et le comédien se retrouvent pour un film à nouveau tiré d’un fait historique mais beaucoup plus contemporain : les attentats de 2015. Rencontre autour de la conception d’un film sur une tragédie française.