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Mathilde Delahaye fait paysage aux SUBS

Article publi-rédactionnel / Adepte de la forme de « théâtre-paysage », la metteuse en scène Mathilde Delahaye aime se nourrir des lieux dans lesquels elle propose ses spectacles. Sous la verrière des SUBS, elle crée cette fois-ci une installation autour de laquelle le public est invité à venir déambuler. Des acteurs professionnels et amateurs offrent une extension à la Tornade de papier froissé de Domitille Martin et Alexis Mérat suspendue depuis avril.

Vous travaillez depuis vos débuts, à la fin des années 2000, à la notion de « théâtre-paysage ». Qu’est-ce que cela recouvre ?

C’est un théâtre in-situ [NDLR, provisoirement installé dans un port de commerce, un ancien de stockage de la SNCF, une usine…]. La question du lieu traverse la compagnie que ce soit en salle ou en extérieur. Ici c’est pour moi un format complètement nouveau, atypique, hors cadre car le lieu des SUBS n’est pas un théâtre mais a vocation à accueillir du spectacle vivant. Les SUBS sont pratiquées par le public.

Comment vous emparez-vous de la Tornade pour faire ce spectacle, Impatience ?

Ce n’est pas un spectacle. Il me semble que ça va être une installation activée. Je souhaite proposer aux spectateurs quelque chose qui s’apparente à une expo, qu’on puisse rentrer et sortir quand on veut. L’idée est que pendant deux heures, le soir, pour des raisons de lumière et de crépuscule – on travaille toujours entre chien et loup - on puisse aller, venir, être sur des transats, assis, debout, allongé…

L’entrée thématique de la Tornade nous (le scénographe Hervé Cherblanc et moi) a d’abord accroché par sa dimension picturale. La Tornade est un phénomène climatique très incisif, très violent, très vertical, très court et les dégâts causés, la façon dont les matériaux (toitures, voitures, bateaux…) sont tordus après le passage d’une tornade m’évoque le peintre Giuseppe Penone ou l’art pauvre.

Puis quand j’ai découvert l’objet de la Tornade, je l’ai trouvé passionnant mais il n’inspire pas de danger. C’est une forme douce, comme une volute.

Donc ici on va faire un peu l’inverse de ce que l’on fait habituellement un théâtre-paysage : créer un paysage artificiel dans ce lieu. Et se dire cette phrase de Mallarmé qui apparaitra dans l’expo-installation : « rien n’aura eu lieu que le lieu ». Il s’agit d’une exploration un peu anthropologique sur l’époque qu’on est en train de traverser et nos liens à nos paysages.

Que va-t-on voir au centre de la Verrière des SUBS ?

On crée un paysage artificiel à l’échelle du lieu et de la Tornade. Ce sera circonscrit un peu comme un vivarium. On a fait des recherches sur l’histoire picturale du paysage, chez Poussin, Le Lorrain… une série de peintres paysagers nous ont inspiré pour la récurrence des structures. Mais au lieu de mettre une colline bucolique, on met un bunker anti-tornade ! Ce paysage sera activé par des machines et des humains : trois acteurs professionnels et dix amateurs recrutés à Lyon. La présence de gens qui ne sont pas des acteurs me permet de déployer des types de poétiques variées. Ici il s’agit d’un petit échantillon d’humanité et on se raconte, sans que ce soit surligné, que nos sommes dans un espace post-castastrophé où la vie humaine a été bousculée et où on invente des formes de vie en petite communauté. On va imaginer qu’il y a un monde souterrain complexe et riche, en faisant marcher l’imaginaire d’un monde d’en-dessous d’où viendraient les personnages. Au-dessus, il y a un temps figé qui crée une impatience dans laquelle on est.

Il n’y a pas de texte me semble-t-il dans Impatience. Verra-t-on une sorte de film muet vivant ?

Ce n’est pas exclu qu’il ait du texte mais ce ne sera pas du dialogue théâtral issu de pièce existante. Ce sera plus de l’ordre de la performance. Ce seront des traversées de l’espace avec une petite trame narrative (si j’y arrive car le temps de travail est très court, une dizaine de jours). On pourra capter des actions, des passages de cette petite communauté qu’on vient voir dans une sorte de vivarium. Les personnages sont dans leur monde avec leur logique et leur survivance, un peu comme des lucioles en aquarium avec aussi le déploiement – et ça m’intéresse surtout en ce moment – d’un temps non performant. C’est pour cela que j’ai envie de laisser le spectateur libre d’entrer et sortir. On vient prendre ce qu’on veut : un morceau d’image, un moment de texte.

Y’aura-t-il malgré tout une trame narrative, un lien par exemple combatif ou fataliste entre vos personnages ?

Ces mots ont été galvaudés et j’essaye de les éviter comme le mot « résilience » qui est maintenant politiquement puant. Il s’agit plutôt de comment on peut inventer des résistances et réinventer des cabanes comme dirait Marielle Macé [NDLR essayiste et chercheuse en littérature, autrice de Nos cabanes, ed. Verdier, 2019] que j’aime beaucoup. Comment réinventer des cabanes dans un monde hostile et comment refaire communauté dans un monde de bric et de broc ? C’est cette fragilité-là qui m’intéresse.

Installation performative du 9 au 11 juillet à 21h.
Tarifs 16€ -13€
Une boisson offerte pour chaque billet

https://www.les-subs.com/evenement/mathilde-delahaye/

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