"Un conte de fée à l'envers"

Interview / Kader Attia, jeune artiste remarqué lors de la Biennale 2005, expose au Musée d’art contemporain Propos recueillis par JED

Votre exposition semble avoir été pensée comme un parcours cohérent ?Kader Attia : Oui, le point de départ est cette vidéo avec deux chanteurs tournée dans une région très pauvre du Congo. Là-bas, l'occident est perçu comme un véritable eden. On fantasme sur des choses qui nous paraissent ridicules (le mythe du cargo, de l'avion, les biens de consommation...) ; l'ambiance est naïve, à la limite du niais. J'ai fait exprès de mettre cette vidéo au début car je crois que le visiteur découvre toujours une exposition en utilisant la première œuvre vue comme repère pour la suite. Ici, l'idée est de raconter un conte de fée à l'envers : plus on avance et moins ça va... Oui, dès The loop les choses se gâtent !Dans The Loop, on entre dans un univers à mi-chemin entre le réel immédiat (une boîte de nuit, des danseurs hip-hop...) et une danse macabre qui tourne en boucle. Je confronte ici, comme dans beaucoup d'autres pièces, différents univers culturels : la vision extatique de la transe, le mouvement circulaire qui est à la fois celui du Dj et celui du monde spirituel...Et la dernière salle tient carrément du cauchemar ?C'est une réalité, entre onirisme et cauchemar. Avec cette accumulation de baleines de parapluies, nous sommes face à quelque chose d'envahissant, qui rappelle nos phobies, mais qui en réalité n'est rien. Ce qui m'intéresse beaucoup c'est cette mise en abyme à partir d'objets très simples, cette réaction de notre inconscient face à une infrastructure triviale : des parapluies deviennent des araignées, une accumulation de frigos devient une ville... J'aime aussi effectuer des mises en abyme à partir des mots : mon installation Moucharabieh prend racine à la fois dans la culture arabo-musulmane et dans la culture française. Le mot "mouchard" provient du mot arabe "moucharabieh" (vitrail de harem permettant aux femmes de voir l'extérieur sans être vues). Pour moi, qui vient de la banlieue le mot mouchard est immédiatement synonyme de menottes...

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