Auteurs / Beaucoup d'auteurs ont rédigé des textes comparant les œuvres de Bram et Geer van Velde (Jan Greshoff en 1929, Paul Fierens en 1933, Jacques Kober en 1948), mais le plus connu reste Samuel Beckett que les deux peintres rencontrent en 1936 et qui restera lié longtemps à Bram. Beckett écrit successivement deux textes en 1946 et 1948 consacrés aux deux frères, «Le Monde et le pantalon» et «Peintres de l'empêchement» (éditions de Minuit). Dans le premier on trouve par exemple cette comparaison : «La peinture de Geer van Velde est excessivement réticente, agit par des irradiations que l'on sent défensives, et douée de ce que les astronomes appellent (sauf erreur) une grande vitesse d'échappement. Tandis que celle d'Abraham van Velde semble figée dans un vide lunaire. L'air l'a quittée». Le texte se termine sur une boutade «Car on ne fait que commencer à déconner sur les frères van Velde. J'ouvre la série. C'est un honneur». Mais les écrivains vont ensuite surtout «déconner» sur Bram van Velde, et peut-être ainsi asseoir sa plus grande notoriété. Le Lyonnais Charles Juliet notamment écrit plusieurs textes sur Bram et rend compte de ses nombreux entretiens avec l'artiste, au cours des années 1960 et 1970, dans "Rencontres avec Bram van Velde" (1998, éditions P.O.L). C'est l'une des rares occasions de découvrir des propos (parfois contradictoires et à l'emporte-pièce) du peintre. Citons quelques saillies : «La peinture aide à voir. Elle fait de la vie, de la complexité de la vie, quelque chose que l'on peut voir. Elle rend visible ce qu'on ne sait voir» ; «Je peins l'impossibilité de peindre» ; «La toile ne vient pas de la tête mais de la vie. Je ne fais que chercher la vie. Tout ça échappe à la pensée, à la volonté» ; «La peinture, c'est un œil, un œil aveuglé, qui continue de voir, qui voit ce qui l'aveugle»... Dans "Bram ou Seule la peinture" (1994, éditions Maeght), l'écrivain Hubert Lucot analyse avec brio l'oeuvre de l'artiste. Il conclue son texte sur la capacité de la peinture de Bram van Velde à mieux nous faire sentir et comprendre «ce que sont le passage et la stabilité, l'être et le devenir, sur le mode unique de la lumière». JED
