Max Schoendorff

Artiste, fondateur de l'URDLA, participant aux débuts du Théâtre national populaire. Propos recueillis par JED

Petit Bulletin : Depuis 1997, qu'est-ce qui vous a marqué dans la vie culturelle à Lyon ?
Max Schoendorff : J'ai l'impression qu'elle va s'appauvrissant plutôt que s'enrichissant. Aucun événement particulier ne me vient spontanément à l'esprit. Il se passe beaucoup d'événements ponctuels ici et là (telle biennale, tel défilé...) mais je ne perçois plus d'effervescence de groupe. L'une des choses positives depuis 97 c'est la nouvelle direction du Musée des beaux-arts qui fait référence en Europe. Je me réjouis moins des rétrospectives Keith Haring, Warhol ou Ben au Musée d’art contemporain.Qu'est-ce qui a changé par rapport au passé ?
Dans les années 1950, 60, 70, on a inventé quelque chose. Lyon était un trou de province qui a accédé à la modernité. On croyait alors à la modernité, c'est-à-dire à la nouveauté, à la transgression. Cette modernité a été jetée aux oubliettes au profit d'une gestion d'événements pulvérulents. Depuis 97, je ne vois pas d'événement du calibre des premières du Berliner Ensemble, de Bob Wilson, de nos débuts au TNP avec Planchon, Chéreau, Bataillon...Quels sont les atouts et les défauts de Lyon ?
Ses atouts sont immenses et son défaut est de ne pas s'en servir. Lyon a un potentiel énorme qui est gâché par une absence de connivence entre les artistes, les media et les responsables politiques. Il n'y a plus de place aujourd'hui dans la presse locale pour la réflexion sur l'art. On promeut l'image de la ville à l'étranger sans que les créateurs locaux y soient associés, etc. Je ne ressens plus cette confraternité, cette complicité avec l'esprit d'une ville, cette énergie et envie de vie culturelle organique. Aujourd'hui, on gère l'événementiel et les talents restent isolés les uns des autres. Je perçois aussi une dichotomie entre la vie politique, économique, et la vie culturelle, avec des artistes qui n'ont plus l'intention d'intervenir sur ces sujets, pour les accompagner ou les critiquer. Je ne suis pas nostalgique mais je constate cet étiolement, cette dispersion de micro-événements sans résonance entre eux. J'ai vécu une époque où l'on avait encore le fantasme du progrès. Aujourd'hui, il n'y a plus de désir de renversement ou de nouveauté, mais simplement de petites envies existentielles de prouver qu'on est là.

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