Une Biennale alléchante

Biennale / La 11e Biennale d'art contemporain s'annonce des plus prometteuses, avec une volonté affichée de secouer les habitudes et d'ouvrir l'art à la poésie, à la littérature, au théâtre... Jean-Emmanuel Denave

Le titre de la Biennale, «Une terrible beauté est née», est tiré d'un poème de W.B. Yeats écrit en 1916 à l'occasion d'une insurrection irlandaise face à l'occupant Britannique réprimée dans le sang. «Le poète est perplexe face à cette manifestation et à ses conséquences. De même, l'artiste ne juge pas mais cherche à comprendre la complexité du monde d'aujourd'hui. Cette Biennale voudrait être honnête avec cette perplexité, elle voudrait parler des émotions contradictoires que l'on peut avoir à la lecture du journal du matin comme devant les œuvres des artistes», déclare Victoria Noorthoorn. Émotions, beauté, honnêteté ne sont pas des termes toujours très en vogue dans la «sphère» de l'art contemporain. Et l'on perçoit dans les déclarations ou les textes de la jeune commissaire invitée, vivant à Buenos Aires, la volonté de faire bouger les lignes, les habitudes et les idées reçues. «Faire un peu bouger la bête et le système qui nous gouverne», comme elle le dit encore elle-même, c'est tout le mal qu'on lui souhaite, ainsi qu'aux 70 artistes choisis (parmi lesquels beaucoup d'artistes d'Amérique du Sud). Ils exposeront à la Sucrière, au Musée d'art contemporain, à la Fondation Bullukian et, nouveauté, dans une usine désaffectée à Vaulx-en-Velin. Cette extension à la périphérie de Lyon (avec aussi «Veduta» et ses nombreuses résidences d'artistes et événements à Bron, Décines, Saint-Priest...) est l'autre fait marquant et prometteur de cette Biennale.

Un peu de poésie...

L'exposition internationale conçue par Victoria Noothoorn se déclinera en plusieurs parcours thématiques : un premier parcours dramatique et théâtral, un autre sur la force d'imagination artistique, puis des parcours sur les utopies, l'espace et le temps, la ligne et le dessin. Le dessin qu'affectionne particulièrement la commissaire qui présentera, par exemple, des œuvres sur papier du lyonnais Christian Lhopital ou d'autres signées Alberto Giacometti. Ce dernier fait partie de quelques grandes figures disparues de la modernité présentes dans cette Biennale avec Beckett (pour Breath, pièce sans acteur de 24 secondes), John Cage (avec un film tourné peu avant sa mort en 1992), le compositeur Morton Feldman, Robert Filliou... Ouverte au passé proche, la Biennale est aussi particulièrement ouverte aux autres disciplines comme le théâtre, la littérature, le cinéma, la poésie. On pourra ainsi découvrir des œuvres du Brésilien Augusto de Campos, l'un des fondateurs de la poésie concrète (textes sous formes de vidéos, de néons, d'hologrammes...) dans les années 1950... Sur le papier comme dans ses ambitions affichées, le projet de Victoria Noorthoorn est franchement enthousiasmant. 

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