L'architecture se livre

De la pierre à la page

Musée de l'Imprimerie et de la communication graphique

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Architecte méconnu alors qu’il fut l’un des plus prolixes du XXe siècle, Fernand Pouillon fut aussi un bibliophile et un éditeur averti. C’est à ce dernier que le Musée de l’imprimerie rend hommage actuellement. Revue de détails. Nadja Pobel

Fidèle à sa mission de rendre visible l’invisible et de considérer l’imprimé au sens large, le Musée de l’Imprimerie fait d’une pierre deux coups : avec son exposition consacrée à Fernand Pouillon, il invite  à découvrir un architecte qui a massivement bâti et, dans le même temps, à contempler des ouvrages anciens édités par ses soins pour faire perdurer les traités via lesquels il a tout appris. Pouillon a en effet commencé à bâtir en 1934 à 22 ans sans diplôme (ce ne sera obligatoire qu’à partir du régime de Vichy), potassant les ouvrages de la Renaissance et puisant dans l’histoire de sa profession pour progresser en autodidacte. Sa propension naturelle à collectionner des livres le pousse bien plus tard, en 1974, à créer les éditions du Jardin de Flore pour rééditer à 200 exemplaires environ des ouvrages clés. L’opération se fait à perte, comme une sorte de mécénat, guidée par la volonté de transmettre des connaissances ancestrales.

Mitterrand

S’il n’a rien érigé dans la région Rhône-Alpes, Fernand Pouillon est à l’origine du quartier de la Tourette à Marseille bordant le Vieux Port. Il construit également en banlieue parisienne, mais c’est en Algérie qu’il s’exprime le plus, lorsqu’après une condamnation judiciaire il est interdit d’exercice en France. Amnistié par Pompidou, il sera fait officier de la Légion d’Honneur par François Mitterrand, à qui il livrera la pièce phare de l'exposition : un globe terrestre réalisé à partir des tranches du globe de Coronelli (époque Louis XIV), l'ancien président de la République ayant à l'époque chargé Jacques Attali de lui trouver une telle maquette pour bien considérer le monde. Huit cartographes planchèrent pendant un an avec les services du quai d’Orsay pour mettre à jour les frontières et combler les terra incognita du XVIIe. Ce splendide objet orné de drapeaux (à la place des éléments célestes de Coronelli) fut par la suite le cadeau du Président aux chefs d’états étrangers. Au milieu des capitales internationales, la France est particulièrement traitée puisqu’y sont mentionnées les très mitterrandiens villages, villes et sites de Latché, Château-Chinon, Jarnac, Solutré, Vézelay ! Et même Belcastel, petit village aveyronnais dans lequel s’est éteint Fernand Pouillon en 1986.

"Fernand Pouillon, de la pierre à la page"
au Musée de l’imprimerie jusqu’au dimanche 3 mars

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