Mardi 5 mars 2019 « Girls just want to cum and have fundamental human rights and then cum again », (« Les filles veulent juste jouir et avoir des droits humains (...)
Kid de l’internet portugaise, l’artiste Wasted Rita griffonne des phrases, rature des mots, et sous une apparente candeur, dresse un portrait acide et sarcastique de sa génération élevée aux réseaux sociaux, aux clips et au porno.
Née en 1988 à Porto (Portugal), Rita Gomes, plus connue sous le pseudonyme Wasted Rita, est une digne représentante de la génération Y. Kid des années 90, elle a vu arriver internet suffisamment jeune pour faire partie des digital natives, cette catégorie de personnes qui en comprend les utilisations et les enjeux de façon intuitive. C’est donc naturellement ainsi qu’elle s’est fait connaître : d’abord par son blog Rita bored (Rita s’ennuie) où elle écrit, à la main, en anglais, avec humour et honnêteté sur le monde qui l’entoure. Son blog atteint une visibilité énorme et lui vaut des publications dans un nombre incalculable de revues, print et online, dédiées à l’art et au design graphique, ainsi que dans quelques livres. Depuis, elle expose dans le monde entier. Et oeuvre aussi dans la rue et sur les réseaux sociaux, notamment Instagram.
I’m not anti-social, I’m just not that into people like you.
Ses phrases toutes simples, en apparence presque candides, se révèlent en réalité pleines d’acidité, d’humour noir, de points de vue tranchants sur notre époque et notre génération. A travers ses phrases courtes et percutantes, Rita parvient à évoquer avec intelligence et précision des sentiments, émotions et pensées universelles et à aborder des thèmes tels que la dépression, la frustration, les ruptures… «Y is the sky so blue and my mood so dark ? » (Pourquoi le ciel est-il si bleu et mon humeur si sombre ?) « I’m not anti-social, I’m just not that into people like you » (Je ne suis pas anti-social·e, je ne suis juste pas tellement interessé·e par les gens comme toi) « I have no fucking idea what the hell I am doing in this world » (Je n’ai pas la moindre putain d’idée de ce que je fous sur cette terre) « Life is so much less total crap when you are around » (La vie est tellement moins de la grosse merde quand tu es dans les parages).
Internet et féminisme
Bien sûr, Rita la sarcastique est pleine d’auto-dérision et ausculte la génération dont elle fait partie à travers le filtre de l’abrutissement par les réseaux sociaux et la société de consommation : « It’s not you, it’s porn » (ce n’est pas toi, c’est le porno), « Scrolling through Internet searching for reasons to live, ending up with a brutal sense of emptiness » (scroller sur Internet en cherchant des raisons de vivre, finir avec une brutale sensation de vide), « Internet killed my ability to look at the stars » (Internet a tué ma capacité à regarder les étoiles).
Girls just want to cum and have fundamental human rights and then cum again.
« Girls just want to cum and have fundamental human rights and then cum again » (Les filles veulent juste jouir et avoir des droits humains fondamentaux et jouir encore), «The art of being here when all I want is your dick » (L’art d’être présent·e quand tout ce que je veux est ta bite) sont d’autres oeuvres de Wasted Rita, qui laissent entrevoir son engagement féministe. Positionnement qui se traduit principalement par l’expression d’un désir sexuel féminin, plaçant la femme comme sujet désirant, ayant ses envies propres et les exprimant, et non comme simple objet désiré, soumis aux projections de l’autre. L'évidence même, et pourtant ces discours sont si peu produits et diffusés. On pourrait ainsi presque inscrire Wasted Rita dans un courant de féminisme pro-sexe. Pour ça et pour tout le reste, merci Sainte Rita.
Wasted Rita, Hardly exhilarating usualness
A la galerie Slika jusqu'au 23 mars
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