Musée d'Art Contemporain : Delphine Balley, au rythme des rites

Delphine Balley

Musée d'Art Contemporain

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Art Contemporain / Le Musée d’Art Contemporain présente cinq nouvelles expositions dont celle, particulièrement réussie, de la photographe et vidéaste Delphine Balley. Un univers à l’imaginaire hanté et riche, qui se joue des rites, des fantômes et du passé.

Dans ses séries photographiques, depuis 2002, Delphine Balley rêve et fantasme des scènes de la vie familiale, des faits divers tirés d’anciens journaux, des histoires de sorcellerie glanées dans des villages, une lignée aristocratique anglaise… Chacune de ses images est minutieusement construite comme un tableau, avec un soin tout particulier accordé aux lumières, aux décors, costumes, objets. On a parlé à son propos de surréalisme ou d’esprit baroque. Ce n’est pas faux mais, avec le recul, il nous semble surtout que l’artiste se projette dans un non-temps et dans un non-espace : ceux propres à l'imaginaire ou à l’espace du rêve qui brouille et enchevêtre les temporalités et les spatialités.

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Pour son exposition au MAC, Figures de cire, Delphine Balley propose un parcours où les fenêtres du musée ont été obstruées, rythmé de grands rideaux noirs entre les salles et où il n’est question, fondamentalement, que de clair et d’obscur, de réel et de double… C’est un cheminement hanté, hypnotique, fait de quinze photographies et de trois films vidéo qui se répondent, où les objets et les personnages passent d’une œuvre à l’autre.

Sur la trace des rites

Sommes-nous, avec Delphine Balley, au Moyen-Age, à l’époque victorienne ou dans un film de David Lynch ? Proches des vanités hollandaises, des portraits du Caravage, des gros plans de Bergman ou des tableaux de Georges de La Tour ? Aux confins de toutes ces influences et de de toutes ces rémanences, l’artiste creuse, patiemment et obstinément, son propre sillon imaginaire...

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Ses films sans parole (hormis quelques chants) sont des télescopages d’images aux raccords fantasques, collés avec la pâte du songe et de rumeurs sourdes et inquiétantes. Dans le noir, ou parmi des brumes, une image naît, puis une autre, puis une autre encore, pour exorciser nos peurs, leur donner formes, ébaucher du sens… Mieux vaut, pourrait-on dire, un cauchemar ou un rêve un peu angoissant que la vacuité d'une terreur nocturne. À l’instar de la fonction des différents rituels (qui servent ici de fil conducteur thématique à l’ensemble de l’exposition), inventés par l’humanité pour exorciser autant que pour leur donner forme appropriable, certains moments bouleversants de l’existence : la naissance, la sexualité, la mort…

Il y a dans ces rites quelque chose d’à la fois violent, essentiel, étrange, figé, que Delphine Balley souligne, puis transforme (avec humour parfois), dans ses photographies et ses films. Dans ses œuvres les rites se confondent, ou presque, l’artiste n’hésitant pas à rapprocher par exemple la préparation d’un mariage d’une veillée funéraire. Ses images montrent et font bouger les symboles, à travers un regard à la fois fasciné et transgressif. Car ici, en fouillant dans la mémoire de l’humanité, l’image perturbe nos repères, s’arroge des déplacements ou des dissolutions selon des litanies illicites.

Les apparitions sont prises aussi dans un devenir poussière, brouillard, brisure, effacement… Comme si, toujours, les images de Delphine Balley flirtaient avec le noir, menacées par lui, luttant avec et contre lui. Le clou de l’exposition, si on nous passe l’expression, est un diptyque très impressionnant, imitant l’aspect d’un gisant. Sauf qu’ici il n’y a pas de Christ, il n’y a pas de corps, et le linceul est noir sur fond noir.

Delphine Balley, Figures de cire
Au Musée d’Art Contemporain jusqu’au 2 janvier 2022


Bio express

1974 : Naissance à Romans. Après un cursus en histoire de l’art à Lyon, elle est diplômée de l’École Nationale de la Photographie d’Arles

2003 : Premières expositions dans des galeries et centres d’art avec sa série au long cours, Album de famille

2006 : Série Histoires vraies

2007 : Série 11, Henrietta Street, présentée notamment à la galerie Le Réverbère à Lyon

2013 : Premier film, Le pays d’en haut

2021 : Première exposition monographique muséale, au Musée d’Art Contemporain de Lyon

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