Odilia, des effluves de Brésil dans le 7e

Restaurant / Dans ce couloir intimiste avec vue sur le tramway, Henrique sert des cocktails et Jessica met à profit ses talents de cuisinière aiguisés chez Ducasse : bienvenue à Odilia.

Le timing n’était pas top. Odilia a ouvert un jeudi : le 30 janvier 2020. L’épidémiologie ne squattait pas encore les comptoirs et Djokovic disputait l’Open d’Australie. Badaboum ! On connaît la suite. Pour le destin d'Odilia c’est ballot, car de fermeture en couvre-feu, nous voilà deux ans plus tard et le resto n’est plus nouveau, sans avoir eu le temps de vraiment se faire connaître. Alors qu’il vaut le détour.

Situons : on est dans le 7e, pas loin du Comœdia, dans un petit salon pas très éclairé à la déco chinée, une ambiance presque chandelle, du jazz dans les enceintes. Qui débouche sur une cuisine complètement ouverte chapeautée d’une mezzanine, où l’on a casé encore quelques tables. Et un piano. Un salon ? C’est l’intention des frangin-frangine, Henrique et Jessica Giovanini : c’est ainsi qu’ils se sont formés, en invitant des amis dans leur chez-eux, dont Odilia est une forme d’extension et un projet dont ils parlent depuis leurs quinze ans. 

Il y a un océan à traverser

Derrière il y a une histoire de famille aux accents italo-brésiliens. La fratrie vient de São Paulo où l’immigration en provenance de la botte a commencé à la fin du XIXe. Henrique confirme : « la plupart de nos amis ont une grand-mère née en Italie », comme eux. Elle s’appelle Odilia, n’est pas encore venue voir le resto qui porte son nom — il y a un océan à traverser. À São Paulo, la famille a déjà un bar à cocktails. C’est là-bas qu’Henrique invitait ses amis et s’entrainait à ce qu'il n’appelait pas encore la mixologie : « on n’a pas fait d’études de restauration ou quoi que ce soit, c’est la vie qui nous a formés ».

Jessica étudiait la littérature italienne. Son master en poche, elle a bifurqué. Parce qu’elle aimait la cuisine. Elle a adressé une longue lettre à Alex Atala, l’un des meilleurs cuistots du monde, il l'a embauchée. Quand, plus tard, elle est arrivée en France, c'est à la porte d’Alain Ducasse qu'elle a frappée. « Une fois que tu passes au Plaza [Athénée, trois étoiles au bibendum] tu n’oublies pas. » Finalement, l’amour l’a emmenée à Lyon, « ville qu’elle a adorée. Plus particulièrement le 7e ». Au point d’y poser ses valises et ses couteaux. 

La fameuse caïpirinha

La cuisine de Jessica est sous influence : il y a le Brésil,  l’Italie, une pointe de Ducasse (la « naturalité »), un soupçon d’embruns de Bretagne (« j’ai fait des stages dans des îles, je suis passionnée par le poisson »). On a goûté, c’était avant Noël. Et ça donnait, en premier, quelques amuses-bouches : des pão de queijo, les gougères brésiliennes et des cubes dorés, des dadinhos de tapioca, à tremper dans la confiture de piment.

À suivre : des plats « à partager ». On n’a pas compris comment faire pour le nôtre : un unique raviolo, qui plus est au cœur coulant, à la pomme de terre, comté, sauge, qui se mêle en explosant, à un bouillon de volaille clair, l’ensemble surmonté d’une petite quenelle de caviar italien,  d’une autre de crème fermière et d’un demi œuf mollet. On a fait grimper l’addition avec un plat hivernal, terreux, profond : une assiette de gnocchis aux trompettes de la mort, chapelure de manioc, noisettes, levure torréfiée et surtout, de gros copeaux de truffe du Périgord.

Pour finir : des desserts plus équilibristes comme cet assemblage (biscuit, chapelure, crème, fruit crus) de kumquat, orange corse, cardamome, café et chocolat. Dans les verres on retrouve les cocktails d'Henrique, dont la fameuse caïpirinha, ou sa variante le Rabo de Galo au vermouth, et une carte de de vins nature dont le magnifique Aragonite du Clos des Vignes du Maynes, un assemblage chardo-aligoté de la Combe aux Rêves dans le Bugey. Vivement une formule déjeuner.

Odilia
3 avenue Berthelot, Lyon 7e
Le soir (du mardi au samedi) à la carte : plats 20-24€, desserts 9-12€, verre de vin 9€ ; brunch le dimanche

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