«Nous sommes un peu plus sereins»

Entretien / Georges Képénékian, adjoint à la Culture et au Patrimoine, dresse le bilan d’une saison épineuse et évoque les sujets qui vont animer la rentrée culturelle 2010. Propos recueillis par Dorotée Aznar

Petit Bulletin : La saison dernière a été très agitée et vous avez dû faire face à de nombreux dossiers problématiques et à de nombreuses critiques. Quelles conclusions en tirez-vous ?
Georges Képénékian : Que je n’ai pas dû savoir communiquer… Il est vrai que la saison dernière plusieurs sujets ont eu du mal à aboutir : le Transbordeur, le Musée Gadagne, l’Orchestre national de Lyon, la friche RVI… C’étaient des dossiers lourds. Je crois qu’aujourd’hui on peut dire que Gadagne c’est fait, le Transbo, c’est fait, l’ONL avance avec l’arrivée prochaine du chef Leonard Slatkin... Je pense que j’ai passé une mauvaise année 2010, qui va rester comme une année de tensions diverses, mais qu’aujourd’hui nous sommes un peu plus sereins. Pouvez-vous revenir sur la question de la friche RVI qui n’est pas encore réglée ? Les artistes doivent en théorie quitter l’avenue Lacassagne et s’installer rue Lamartine le 15 septembre…
On savait que ce dossier serait compliqué. Pour plusieurs raisons. D’abord il y a plusieurs catégories de gens à la friche. Il y a des artistes qui sont déjà presque professionnels et qui ne relèvent plus formellement d’une friche. Il y un autre groupe d’artistes en devenir pas encore capables de voler de leurs propres ailes. Et enfin, il y a un troisième groupe, comment dire, assez composite… qui ne se définit pas comme des artistes. Aujourd’hui, les 150 artistes qui se sont regroupés en une quinzaine de collectifs vont être relogés rue Lamartine, dans l’ancienne usine Lépine, et cela s’organise bien. Je suis également à la recherche d’autres lieux tout en gardant cette idée de l’interdisciplinarité. Mais il ne faut pas oublier que les artistes de la friche ne sont pas tous seuls. J’ai également une soixantaine d’autres artistes à Lyon qui demandent des lieux gratuits. Le problème des lieux de travail ne se résume pas à RVI… Que va-t-il se passer pour les artistes qui n’auront pas quitté la friche RVI le 15 septembre ?
La Société d’enseignement professionnel du Rhône (SEPR) qui va ouvrir ses portes sur le site de la friche RVI va être obligée de commencer les travaux. À partir du 15 septembre, nous allons entrer dans une procédure d’expulsion. Les riverains installés à côté de l’usine Lépine qui va prochainement accueillir les artistes semblent très mal réagir…
Il y a eu une réunion avec les résidents. Les relations ont été difficiles cet été. Une tête de mort a été taguée sur un bâtiment a côté de l’usine Lépine… Cela ne nous a pas aidés ! Nous préparons actuellement une réunion des artistes avec leurs futurs voisins pour qu’ils se rendent compte que les artistes ne sont pas tous des monstres et qu’ils sont aujourd’hui prêts à s’impliquer dans la vie du troisième arrondissement. Il y aura des règles dans ce lieu et des visites tous les six mois, afin d’évaluer la situation des artistes qui y sont installés. Les artistes auront-ils des conventions d’occupation d’une durée déterminée ?
Non, nous n’allons pas donner de date précise à un collectif, mais à un moment nous dirons aux artistes qui n’ont plus besoin du cadre de la friche et nous leur demanderons de laisser la place… Et vous pensez que cela va fonctionner ?
Lamartine n’est pas non plus un bâtiment à durée indéterminée. Cela est clairement dit. Nous allons essayer de fixer des règles progressivement, en consultation avec les artistes. Cette saison, beaucoup d’institutions culturelles vont renouveler leur direction. Voulez-vous en profiter pour changer le fonctionnement de certaines d’entre elles ?
À chaque fois que l’on remplace un homme, c’est l’occasion de revisiter le fonctionnement de l’institution. Ce que nous voulons, c’est apporter de l’oxygène, favoriser la création, l’émergence, le maillage des institutions. À Lyon, on couvre tous les champs de la pratique culturelle, de l’amateur à l’excellence. Aujourd’hui, il faut aller vers un maillage et une mutualisation. Il faut que la politique de la ville devienne une politique de la métropole. Lyon doit résonner un peu plus et le faire savoir. Vos choix récents n’ont pas vraiment montré une volonté de bousculer les codes…
Je n’en suis pas aussi convaincu ! Attendez un peu et laissez aux nouveaux venus le temps de faire leurs preuves ! Le budget alloué à la culture par la Ville de Lyon va-t-il rester stable ?
Les collectivités sont en train de baisser leurs budgets alloués à la culture ce qui va nous rendre la vie difficile, mais la Ville de Lyon a pris l’engagement de maintenir son budget culture. C’est une promesse du maire. Mais il faut bien comprendre que l’on va maintenir, ce qui ne signifie pas que le budget culture va passer à 21, puis à 22, puis à 23% du budget. Il n’y aura pas d’augmentation, le budget culture représente 20% du budget de la ville. Nous avons une enveloppe donnée, à nous de faire le plus de choses possible avec.

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