À Bourgoin, le théâtre entre deux eaux

Politique Culturelle / Arrivé en fin de contrat, le metteur en scène Thierry Bordereau quitte la direction du théâtre de Bourgoin-Jallieu, qui pour sa saison de transition 2020-21 verra, en partie, sa programmation assurée par l'omniprésent Victor Bosch.

Au terme de trois mandats et six années de direction, Thierry Bordereau quitte le théâtre municipal de Bourgoin-Jallieu car il aurait alors fallu « l'assimiler fonctionnaire » selon ce qu'exige la loi. Et la municipalité ne l'a pas souhaité, afin d'avoir « une offre plus en correspondance avec le projet de nouveau théâtre » selon Alexandre Carré, responsable communication de la ville de Bourgoin. Comprendre par là, s'ouvrir à d'autres champs artistiques que le théâtre et être plus "populaire", et pour cela, une personne est toute désignée en Auvergne-Rhône-Alpes : Victor Bosch. Le patron du Radiant de Caluire (via la délégation de service public attribuée à sa société) est déjà aussi aux manettes de la programmation du Toboggan de Décines, après le remerciement sans ménagement de Sandrine Mini en 2016. Le processus de nomination du successeur de Thierry Bordereau étant mis en veille avant les élections de mars et sa désignation étant effective entre juin et septembre, il fallait que soit assurée la saison 2020-21. « Elle sera en majorité assurée de façon collégiale par les membres de l'association Jaspir dont le président travaille au service culturel, Victor Bosch se charge des têtes d'affiches et des grands noms. » Qui seront au nombre de six, sur quinze à vingt propositions au total durant la saison.

Incendié en 2010, le théâtre de Bourgoin accueille 5 000 spectateurs annuels hors les murs (10 000 en comptant les petites formes sur le territoire), dans des lieux changeants et, depuis la saison 2015-16, dans la salle polyvalente de la ville rénovée à dessein. Un nouveau théâtre flambant neuf ouvrira ses portes à la fin du premier semestre 2023. Sa jauge n'est pas encore définie ni même l'architecte, mais ce sera une seule salle, modulable pour accueillir tout type de spectacles, y compris selon toute vraisemblance de la musique. Ce nouvel établissement s'ancrera dans la "zone élargie" du parc des Lilattes où se déroule depuis cinq ans le festival des Belles Journées et à quelques encablures (une autoroute les sépare) de la Smac des Abattoirs, dont le directeur José Molina vient de partir à la retraite. Avec le Conservatoire (danse, théâtre, musique) de la CAPI (communauté d'agglomération Porte de l'Isère), le cinéma et la médiathèque proches, c'est un pôle culturel qui se dessine. Le projet s'éclaircira nettement en avril, après les élections où le maire LR Vincent Chriqui remet son poste en jeu et brigue un second mandat dans cette ville historiquement ancrée à gauche.

Quelles missions ?

Thierry Bordereau se plie à cette décision, mais est en colère face au peu d'égard qui lui a été accordé. Il a appris cet été que son contrat ne serait pas renouvelé. Et au regard du bilan (+300% d'abonnés notamment), « cette décision est très dure à accepter » confie-t-il d'autant qu'il avait « proposé de rester une année supplémentaire pour permettre de transmettre le théâtre à son successeur dans les meilleures conditions. » Bien au-delà de cette affaire personnelle, se pose la question du rôle public de ce théâtre Jean-Vilar dont une partie du financement va garnir un producteur privé. Quant à la pluridisciplinarité annoncée, elle existait déjà puisque Rosemary Standley et André Manoukian sont programmés dans ces murs. Vincent Dedienne y a joué la première en France (hors café-théâtre) de son bluffant one-man-show S'il se passe quelque chose, bien avant sa notoriété télévisuelle. La Meute de Thierry Jolivet y a fait des pas importants, lui permettant d'être repérée par les Célestins. Thierry Bordereau s'inquiète de voir cette scène intermédiaire perdre son indépendance artistique et son rôle de maillon du territoire, qui a permis à Gwenaël Morin ou Richard Brunel (nouvellement nommé à la tête de l'Opéra de Lyon) de se construire. Craignant les directions au long cours et les hommes indéracinables, il aurait aimé néanmoins aller jusqu'à la réouverture du théâtre et ainsi faire dix années dans cette ville où il dit avoir tant apprécié le contact avec les spectateurs. Il doit aujourd'hui se recentrer sur le travail avec sa compagnie Locus Solus fondée en 2004 et rebâtir un réseau intermittent.

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