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Les Femmes Battantes donnent de la voix

Féminisme / Chaque lundi soir, elles se retrouvent pour briser le silence autour des violences faites aux femmes — et les inégalités dans le monde du spectacle,  continuum de ces violences — en tapant sur un tambour. L’image peut faire sourire. Elle est pourtant forte : en tambourinant dans la rue, ces "Femmes Battantes" se réapproprient l’espace public. On a assisté à leur rentrée. Puissant !

Ce soir-là, elles sont une vingtaine, de tous âges. Des anciennes, des nouvelles, des cadres, des cheffes d’entreprise, des ouvrières, des employées, des femmes déjà engagées dans d’autres collectifs — comme MeToo ou Collages Féministes —, d’autres qui ont vu passer sur les réseaux sociaux l’événement et qui sont venues, « par curiosité, par envie de se retrouver entre femmes uniquement ». Leur point commun ? Elles sont toutes féministes, toutes déterminées à lutter contre les violences faites aux femmes, toutes conscientes de l’invisibilisation des femmes en général, et dans l’art en particulier. Les chiffres*, à ce sujet, parlent d’eux-mêmes : 97% des groupes programmés par les grands festivals de musique sont composés exclusivement ou majoritairement d‘hommes, seules 10% des scènes de musiques actuelles (SMAC) étaient dirigées par des femmes en 2016, il n’y a que 6% de femmes cheffes d’orchestre dans le monde.

Solidarité et bienveillance

Ce projet, initié par Filactions, une association lyonnaise de lutte contre les violences conjugales et sexistes, est non-mixte. Les raisons ? Afficher symboliquement la présence des femmes dans l’espace public, permettre aux femmes d’occuper un rôle de leadership au sein du groupe plus facilement, permettre la libération de la parole sur ces questions de violences, ne pas se faire couper la parole par un homme ou remettre en question sa façon d’être ou de faire — ce qui n’a pas empêché, parmi les curieux s’arrêtant sur leur chemin pour écouter ces femmes tambouriner, ce soir-là, des hommes de faire des commentaires sur la manière dont il « faut » taper sur un tambour.

La première demi-heure est consacrée à des jeux et exercices pour apprendre à se connaître, à prendre sa place, à parler, à parler fort, à se sentir écoutée, partager ses ressources féministes. Le moment est puissant, bienveillant, sans jugement. Derrière leur masque, on devine les lèvres valser côté oreilles. S’ensuit la répétition pendant 1h30, en cercle. Une sangle, un pot de peinture en plastique recyclé qui fera office de tambour, deux baguettes et les voilà armées. Elles suivent les gestes et rythmes décrits par la leadeuse musicale — toutes les femmes peuvent l’être, le fonctionnement de ce groupe de percussions étant collectif et horizontal. « Cela permet de partager et donc d’alléger la charge mentale » explique Sasha Monneron, de Filactions. Les gestes deviennent plus fluides, plus amples, les sons plus percutants, le cercle s’agrandit peu à peu, les femmes prenant de plus en plus leur place dans l’espace public, sans forcément, d’ailleurs, s’en rendre compte.

Sandrine, 51 ans, intermittente du spectacle, se sent à sa place. « J’ai découvert les Femmes Battantes lors de la manifestation pour l’égalité des droits entre les femmes et les hommes le 8 mars dernier. J’ai été séduite par l’énergie qui s’en dégageait. Et par le fait que ce soit un groupe en non-mixité, aussi. Dans mon boulot, il n’y a que des hommes. C’est usant de devoir se battre deux fois plus qu’un homme pour se faire entendre, de se justifier constamment, de se voir couper la parole systématiquement. Je suis ravie d’intégrer les Femmes battantes, j’apprécie particulièrement le non-jugement qui s’en dégage. » Même son de cloche du côté d’Anaïs, 41 ans, fonctionnaire, présente depuis le début du projet, qui ajoute : « le sujet des violences faites aux femmes est grave et douloureux. L’aborder en musique, c’est donner une bouffée de fraîcheur à celles qui sont en souffrance. » Résultat : on repart boostée à bloc, prête à conquérir le monde (et l’espace public).

Femme Battantes
Le lundi à 18h30, lieux divers, adhésion à partir de 7€
Plus d’infos sur www.filactions.org

*Source : Rapport 2018 du Haut Conseil à l’Égalité "Inégalités entre les femmes et les hommes dans les arts et la culture"


Les chiffres des violences faites aux femmes

Une femme sur dix est victime de violences conjugales. Une femme est assassinée tous les deux jours et demi par son partenaire. En 2019, 146 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon, soit 25 de plus que l’année précédente. 95% des violences conjugales sont commises par des hommes. Il n’y a aucun profil type : sont concernés toutes les catégories sociales, tous les âges, toutes les cultures, toutes les orientations sexuelles. Autres chiffres effrayants : 100% des femmes ont été victimes, au moins une fois dans leur vie, de harcèlement sexiste ou agression dans les transports publics ; 40% des femmes ont renoncé à fréquenter certains lieux publics suite à des manifestations du sexisme. (Sources : Ministère de l’Intérieur, Filactions, Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes)

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