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Interview / Après Les Animaux ne savant pas qu'ils vont mourir, au théâtre de la Croix-Rousse en 2004, Michel Didym, acteur et metteur en scène, présente sa nouvelle création aux théâtre des Célestins. Pœub, adapté du texte de Serge Valetti, est une comédie grinçante aux allures de cabaret musical. Dorotée Aznar

Michel Didym est un homme pressé. Un œil sur le plateau, l'autre sur sa montre, c'est un perfectionniste qui aime garder le contrôle. Michel Didym aime les défis et les exercices réputés impossibles. Avec Pœub, il est servi. Le cabaret théâtral de Serge Valetti compte 63 personnages, joués par 18 comédiens. Un travail colossal, dix semaines de répétition, un orchestre et... des comédiens en tonneau pour mettre en scène l'histoire de Globul, patron du pœub, assassin devenu président, victime d'une ascension aussi accidentelle que provisoire. Ayant tout perdu, Pœub tente de regagner le nid. Mais il ne reste qu'une seule place à pourvoir, celle du clown. "Une création qui fera date", si l'on en croit son metteur en scèneComment envisagez-vous le travail de mise en scène ?Michel Didym : Je suis avant tout un acteur qui descend du plateau pour regarder ses camarades. Mettre en scène, c'est faire des choix esthétiques sur le style et le sens avec humilité. Les acteurs ont des intuitions et des respirations qui sont primordiales. Je veux des acteurs investis qui "se sortent le cataplasme". La magie de l'univers de Pœub demande un investissement émotionnel important pour parvenir à montrer le comique de la situation représentée sur scène. Mais je sais également qu'il faut parfois s'abstenir de dire, il faut savoir se faire comprendre des comédiens et des techniciens sans exiger. En fait, mon rôle essentiel est de stresser l'équipe pour mettre tout le collectif au travail.Vous avez rencontré un vif succès avec Les Animaux ne savent pas qu'ils vont mourir, l'an dernier au théâtre de la Croix-Rousse. Est-il difficile de se départir de cette image de "metteur en scène de Desproges"?Je suis un peu connu à Lyon depuis le Desproges. Je pense que le succès de cette pièce est aussi dû au fait que cela paraissait mission impossible. Mais j'ai fait d'autres choses avant le Desproges ! j'avais travaillé sur Beckett, sur Koltès, des textes sérieux. Avec Pœub, c'est différent. J'ai envie d'inventer une esthétique aussi radicale que l'écriture.Vous récidivez avec le théâtre musical...J'ai un traumatisme. Je me suis déjà fait chier au théâtre et cela me rappelait les samedis matins où il fait beau et que je devais assister à un cours de maths de 10 heures à midi avec un prof qui écrit des équations incompréhensibles au tableau. Je ne veux plus revivre ça, ni comme acteur, ni comme metteur en scène. Je travaille sur une forme de théâtre musical parce que la musique m'aide à vivre, à transmettre des émotions qu'on ne peut pas expliquer.Vous vous êtes entouré d'un casting de stars...Pour moi le bon théâtre c'est trois choses : un bon texte, un bon texte et un bon texte. C'est fondamental, on a les grands acteurs quand on leur propose une grande pièce. Pour Pœub, je suis entouré d'une distribution de 18 acteurs tout terrain qui maîtrisent la comédie, la danse, le chant et la pratique d'un instrument. J'ai une grande chance : celle de travailler avec des acteurs comme Hervé Pierre, Charlie Nelson ou Marilù Marini. Ces artistes apportent énormément à la pièce. J'essaie simplement de leur donner l'espace pour la meilleure approche du texte. Le théâtre doit se rapprocher du divertissement selon vous ?Je ne veux pas mettre les acteurs mal à l'aise devant le public. Selon moi, le théâtre doit me concerner et concerner les gens. La comédie est un moyen de se divertir en apprenant quelque chose sur l'humain. Pœub est un spectacle comique parce que cruel, c'est la déchéance d'un type qui s'est pris pour un autre.Pensez-vous que le public du théâtre des Célestins soit réceptif à votre travail ?Je pense bien sûr que le public est sociologiquement différent selon les théâtres mais moi, avant de créer aux Célestins, je n'y avais jamais mis les pieds. Je me dis que cela peut être pareil pour le public, qu'il aura simplement envie de découvrir Pœub. Cette pièce offre des possibilités de lecture à quatre ou cinq niveaux. C'est une pièce très fine, une métaphore de la vie, du théâtre, de la politique. Je pense que des spectateurs de générations ou de couches sociales différentes peuvent se sentir concernés. Il y a quelque chose de modeste et d'enfantin dans cette pièce. Certes, on ne fait pas de leçon de métaphysique, mais ça fait gamberger. Vous craignez de décevoir ?C'est la première fois que je crée à Lyon, c'est vachement important pour moi. Mais je ne suis pas très sensible aux critiques. J'ai simplement peur que la pièce soit un peu en avance sur son époque : trop novatrice et trop farfelue. Pœub Au théâtre des CélestinsJusqu'au 19 mars

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