Papys belges à Hawaii

Musique / Les Belges de Girls in Hawaii négocient avec habileté le virage du deuxième album : «Plan your escape» prouve leur dextérité mélodique et perpétue dignement l’héritage des grandioses Grandaddy. Christophe Chabert

Il en va de l’Histoire du rock récent comme d’une leçon de géographie écrite par un savant ivre : des lignes impossibles apparaissent reliant des points du globe séparés par des milliers de miles, des filiations s’inventent à cinquante ans d’écart et des contrées jusqu’alors désertiques se transforment en oasis chatoyantes. Quand le premier album de Girls in Hawaii est sorti, on ne parlait que de cette surprenante irruption d’un rock belge qui n’avait peur de rien, et surtout pas de s’exporter dans le reste de l’Europe.
Aux précurseurs dEUs s’ajoutaient les allumés de Ghinzu et le popeux Austin Lace, avant que le duo post-Libertines The Tellers ne vienne mettre tout le monde à genoux.
Girls in Hawaii, qui est donc un groupe de mecs francophones basés à Liège, faisait figure d’élément fédérateur à cette scène joyeusement anarchique. Ses influences vastes comme un réseau Internet (de Nirvana à Sparklehorse en passant par les Pixies), la qualité de ses compositions et de ses arrangements, sa fière énergie à les transmuer sur scène en pure dynamite rock : le groupe avait tout pour plaire et, d’ailleurs, il a beaucoup plu (et pas que de la drache).La Grande évasion
Restait à négocier le cap du deuxième disque, quatre ans après cette entrée fracassante. Disons-le tout net : Plan your escape dépasse largement les espoirs mis en Girls in Hawaii, et pourrait même imposer le groupe au premier rang des artisans pop-rock européens lors de leur tournée au long cours qui passera, ce lundi, par le Ninkasi Kao.
Les chansons n’y sont pas que formidablement bien écrites, elles ont aussi ce petit quelque chose qui capte immédiatement l’attention et donne l’envie expresse d’y revenir.
Surtout, le disque fait preuve d’une homogénéité qui tranche avec le côté auberge espagnole du premier album ; comme si Girls in Hawaii avait choisi son camp, provisoirement peut-être, mais suffisamment longtemps pour y édifier une petite cathédrale pop dans laquelle serait célébrée la mémoire d’un groupe défunt : Grandaddy.
Car l’évasion planifiée par ces Belges en goguette se fait direction le fin fond du Texas, à la conquête de l’héritage rêveur et mélancolique de Jason Lyttle, tombé sur le champ de bataille de tournées éreintantes et d’albums pas assez aimés.
Même voix tirant vers la plainte, mêmes claviers aériens, même désir de rompre avec les structures attendues de la chanson pop classique pour prendre des chemins plus tortueux et aventureux.
On en voit déjà qui crient à la profanation de sépulture ; ils passeront donc à côté de ce qui est, quand même, un des plus beaux disques de cette rentrée 2008.«Plan your escape» (62 TV/Naïve)

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