Fort intérieur

Le 12 juin, s’ouvre la partie musicale du festival Fort en Jazz qui, du haut de sa place forte médiévale, suit le jazz sur des chemins de traverse. Stéphane Duchêne

Si Fort en Jazz à choisi de se retrancher entre les murs d’un fort défensif, c’est peut-être moins pour mettre en valeur le patrimoine local que pour défendre bec et ongles les valeurs et les vertus du jazz. Mais un jazz intergénérationnel et transversal. Pas grand-chose de commun à priori entre Jean-Jacques Milteau, Incognito (from London) et les Nantais d’Hocus Pocus. Si ce n’est le jazz qui cimente les interstices dans lesquels viennent se nicher les particularismes de chacun. Ce ciment-là le festival a choisi de l’exposer, au milieu des vieilles pierres par le biais de l’exposition l’Odyssée du Jazz (débutée le 24 mai, mais visible jusqu’au 24 juin). Manière de retracer, à l’usage des jeunes générations, les grandes étapes et les grandes figures de cette épopée qui court des racines africaines à l’affranchissement absolu que fut le free jazz. Avant d’essaimer librement dans tous les genres musicaux.
Cet essaimage et cette liberté, Jean-Jacques Milteau en attestera mieux que quiconque. Son mérite aura été de montrer qu’on peut se faire un nom dans le concert international avec un instrument, l’harmonica, qui tient dans la poche arrière du jean. Instrument qui jusque-là dans l’histoire de la musique à joué davantage les acteurs de complément, fut-ce brillant et essentiel (chez des gens comme Bob Dylan par exemple) que les premiers rôles. Place 54
Venu à l’harmonica par le blues, Milteau s’est néanmoins ouvert les portes de la musique populaire au sens large, collaborant aussi bien avec des artistes de variétés (Eddy Mitchell, Yves Montand, Barbara) qu’avec des pointures du jazz ou de la soul comme Gil-Scott Heron et Terry Callier, venus exposer leur talent sur les albums de l’harmoniciste. C’est en revanche par le hip-hop que le collectif nantais illusionniste Hocus Pocus est allé vers le jazz. Une tendance forte du rap hexagonal qui fait la part belle non plus seulement aux samples mais aux vrais instruments, comme on l’a vu il y quelques mois avec les albums de Rocé, Oxmo Puccino et, dans une moindre mesure, Abd-Al Malik. Fort en Jazz ne pouvait donc passer à côté de ce collectif en pleine ascension. Présents depuis plus de dix ans, Hocus Pocus s’est véritablement révélé au grand public sur le tard, avec l’an dernier une nomination aux Victoires de la Musique. Leur dernier album Place 54, n’en est pas moins marqué du sceau de l’exigence avec des collaborations pointues (Omar, Fred Wesley ou encore Magic Malik). Enfin, comme chaque année, outre les londoniens funk d’Incognito, Fort en Jazz sera également comme toujours l’occasion de découvrir les nouveaux talents du genre avec les lauréats du tremplin Suivez le Jazz qui assureront les premières parties. Preuve que, même loin des grands raouts type Jazz à Vienne, le jazz est plus vivant que jamais. FORT EN JAZZAu Fort du Bruissin (Francheville)Du 12 au 15 juin

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