Orient Express

C’est au sortir de cet été de records pékinois, livré à l’appétit des ogres Phelps et Bolt, que les Lyonnais de Fake Oddity livrent leur deuxième album, le bien nommé RunFast. C’est que le groupe est pressé de répondre aux attentes consécutives à un enregistrement luxueux à Istanbul et une sortie binationale (France et Turquie). Départ canon donc, avec un Faik qui feint l’asphyxie avant de vider son coffre dans un magma doorsien convaincu de dopage (Soul Hate Blind Friend). Encore faut-il tenir la distance, dirait Patrick Montel, le Lester Bangs de l’athlé : ce que fait parfaitement le groupe en allongeant la foulée à mi-parcours de l’album. Le rock urgent aux muscles tonique se dissout alors dans un acide loin d’être lactique. De fait, comme il est permis de préférer l’excitation du sprint ou l’ivresse harassante du demi-fond, on sera en droit, suivant le club où l’on émarge, de préférer la première moitié abrasive de l’album, sa seconde mi-temps plus cosmique ou les pauses qui l’entrecoupent. Ironiquement, le titre qui donne son nom à l’album ne court pas très vite, baladant Radiohead sur d’étranges terres country-bossanova. Zani, épure de piano et de bourdon de contrebasse, s’égrène joliment en turc, la langue natale de Faik, ultime manifestation du sabir musical parfois délicieusement opaque du groupe. Et Please don’t die donne son dernier (et plus beau) souffle à l’album. Certains regretteront une production un peu 70’s, d’autre une dilution des compositions dans la surenchère free de morceaux à rallonge (ce qu’on reprochait déjà aux Doors). C’est oublier que Fake Oddity sait aussi, derrière son goût de la cascade et son charisme risque tout, écrire de vraies chansons (Space Dog, Childhood Behaviour, le très CBGB Kill the Young). Et enrichir chaque écoute de cet inépuisable RunFast.

Stéphane Duchêne

Fake Oddity
Showcase à la Fnac Bellecour, le vendredi 19 septembre
«Run Fast» (Mediatone/Discograph)

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